☕️ Hello, vous avez peut-être vu ces images de Rilès, un rappeur en train de courir sur un tapis de course durant 24h, dans un décor pour le moins anxiogène. Il s’agissait à la fois d’une performance sportive mais aussi d’une opération de marketing, à l’occasion la sortie d’un nouvel album. Et ça dit beaucoup de choses de notre époque. On va analyser ça ensemble.

🧨 Au programme : 534 mots pour 3 minutes de lecture. Enjoy ! David.

Du rappeur Riles qui s’est fixé un drôle d’objectif : courir pendant 24 heures consécutives sur un tapis de course, sans musique, ni distraction. Et au milieu d’une cage de verre avec derrière lui, des immenses et menaçantes scies circulaires en forme de cadran qui tournaient juste derrière lui (regardez une photo, vous comprendrez mieux).

Et il l’a fait, parcourant plus de 200 kilomètres et s’arrêtant uniquement pour uriner ou pour vomir. Un exploit suivi au total par 2,2 millions de personnes sur Internet, et jusqu’à 170 000 en direct lors du final, dimanche midi.

Rilès en mode survie

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Pour l’intéressé, il s’agissait par ce dispositif d’interroger « la résilience mentale et physique face à l’adversité ». Mais surtout la première raison, « c’était d’accompagner l’œuvre sonore d’une œuvre visuelle, pour véhiculer mon message de dépassement de soi et de survie ».

Sans remettre en cause la sincérité de la démarche, cela dit ce qu’il faut être capable de faire aujourd’hui dans le cadre de la promotion d’un album. Sans ce genre de performance, comme il y a moins d’espace de promotion, que les clips ont quasiment disparu, difficile de toucher le grand public.

C’est Pierre-Antoine Capton, boss de Mediawan et de 3ème oeil production, qui a théorisé ça en produisant le documentaire sur Orelsan, sorti en 2021. Diffusé sur Amazon Prime, ce documentaire racontait l’émergence du rappeur par le regard de son frère. Mais pas seulement, il s’agissait aussi d’un outil de promotion jamais vu pour la sortie d’un album. Pour Pierre-Antoine Capton, depuis cet événement, on ne peut plus sortir un disque sans avoir réfléchi à son accompagnement.

Tout cela existe depuis l’avènement du clip vidéo (coucou « Thriller » de Michael Jackson), c’est juste qu’aujourd’hui, il faut systématiquement faire différent et frapper très fort à chaque fois. C’est moins un problème quand on s’appelle Beyoncé et qu’on passe un deal avec Disney + ou qu’on se paye une publicité durant un Super Bowl. Ou Kanye West quand on organise des sessions d’écoute publique dans des stades. Ou encore Taylor Swift quand on organise le buzz en sortant deux albums la même année sans prévenir personne.

Il faut faire parler de soi, c’est un impératif. On vient de le voir aussi avec Bob Sinclar. Le DJ était apparu le visage complètement déformé par de la chirurgie esthétique. Ce qui a enflammé les réseaux sociaux. Et c’est ce qu’attendait Bob Sinclar qui voulait ainsi dénoncer le règne de la fake news. Et faire la promotion de son nouveau morceau.

Le choix de Rilès de mettre en scène un exploit personnel pour susciter l’intérêt des réseaux sociaux et des médias, démontre qu’il n’y a pas besoin d’investir des millions pour y parvenir. Qu’une bonne idée et beaucoup de résilience peuvent suffire. À condition de l’avoir cette bonne idée.

On ne va pas minimiser l’exploit de Rilès d’avoir parcouru un peu plus de 200 kilomètres en 24h. Il s’agit bien d’une performance sportive extraordinaire. En revanche, on peut s’interroger sur l’imaginaire qu’elle convoque, le dépassement de soi face au vide. Certes, on peut y voir une parabole du monde actuel : comment on se confronte à un monde dont lequel on n’a pas envie de vivre. Résultat : s’il impose le respect, cet exploit ne donne pas envie d’aller plus loin, de voir les choses autrement. Ça rejoint la réflexion amorcée avec l’annonce de Dorian Louvet de faire sept marathons dans le monde entier en dehors de toute réflexion écologique.

Comme je suis sur mes obsessions habituelles, j’ai préféré regarder en live, sur des cartes et sur Instagram, la folle traversée du Yukon canadien par Mathieu Blanchard. Si son exploit n’est pas reproductible par le commun des mortels, il donne envie de s’intéresser à une nature qu’on voit guère. Et à la respecter autant que celui qui l’a traversée. C’est sûr Mathieu Blanchard n’avait rien d’autres à vendre que son exploit (et un peu son sponsor, je suis pas dupe).

^{UN MOT DE NOTRE CHAINE YOUTUBE}

Swann Périssé a tout connu sur YouTube : les galères de tournage, les collab' improbables, les vidéos virales incontrôlables. Aujourd'hui, pour Hupster, elle dresse le bilan de ses 10 ans passés sur la plateforme et nous raconte comment ses débuts et ses premières vidéos ont façonné sa manière d'écrire et de faire rire les gens aujourd'hui.

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