👉 Ou comment se perdre sur sa propre télé
☕️ Hello, si vous avez envie d’aller vite, voici notre résumé de notre infolettre du jour :
La Guerre du Reach: La surabondance de contenus vidéo rend la sélection difficile, mennent à l'aboulie décisionnelle.
Un chiffre: 67% des Européens prennent plus de 6 minutes pour choisir un programme, jonglant entre services.
IA et Surproduction: L'IA pourrait amplifier ce problème en multipliant les contenus.
Retour à la télé: La fragmentation pousse vers le regroupement des services (bundle) et un retour à la télé mais modernisée et YouTubisée.
Contrôle de l'interface: Les fabricants de TV et de télécommandes pourraient être les nouveaux gatekeepers, influençant nos choix de visionnage.
Conclusion: Dans cette "Guerre du Reach", l'accès et la distribution deviennent aussi cruciaux que le contenu lui-même.
Prendre exemple sur Trump: Il utilise une méthode de communication adaptée aux nouvelles interfaces, imposant un flux continu et captivant, similaire à une émission en direct.
🧨 Au programme : 1061 mots pour 7 minutes de lecture. Enjoy ! Johan.
Mercredi soir, procrastinant dans mon canapé pour reculer au maximum le moment d’écrire ma reco du vendredi, je décidais que j’avais le temps pour mater un petit épisode d’une série. Je parcours ma liste de favoris, reviens sur les nouveautés, hésite. Je regarde ma montre. Je venais de passer 13 minutes à cliquer / scroller à la recherche du perfect match du soir. 13 minutes. Effarant. 13 minutes de néant dans un monde quasi infini de programmes. Suis-je une personne normale ? Suis-je le seul à ressembler à une poule devant un couteau. Je dois vous avouer que ce n’était pas la première fois que cela m’arrivait. Il m’est même arrivé de passer de Netflix à Prime, puis de Prime à Arte, pendant de longues minutes, à chercher je ne sais quoi…
Comme j’étais déjà sur mon canapé, j’ai demandé une consultation à mon psy Google. Bingo. Etude Comsat de 2024: 67 % des Européens passent plus de six minutes à chercher un programme. Un quart des Américains et des Européens avouent avoir du mal à trouver ce qu’ils veulent regarder, et 40 % doivent jongler entre plusieurs services pour accéder à leur contenu. Face à cette surabondance, beaucoup finissent par abandonner… ou revoir une série déjà connue. (C’est comme ça que j’ai revu pour la 6e fois « The West Wing », en intégralité, avec le dernier épisode de la 7e et ultime saison en parallèle de la prestation de serment de Trump…).
Content d’avoir eu une réponse: je ne suis pas seul ! Et pourtant, au lieu me lancer dans l’écriture de ma reco, ou de mater enfin un programme, je me suis mis à IA-angoisser. Et si mon scrolling de perplexité n’était qu’un début? Et si l'irruption massive de l'intelligence artificielle dans la création de programmes allait nous noyer sous un tsunami de «contenus» ? Car oui, on fait comment pour capter l'attention quand la production de contenus est multipliée par un million, un million de millions ? Content is king, OK. Distribution is queen, très bien. Mais maintenant, on fait quoi?
Le choix du roi
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Là, mon cerveau a bugué. Gelé. Ok, je ne suis pas le seul à vivre cet enfer de l’aboulie. Et si finalement, je n’étais qu’une énième victime de la guerre de l’attention? Et si, après avoir connu la «guerre des Streams», nous étions entrés dans la Guerre du Reach ? Face à cette jungle de programmes désormais sans fin, qui en plus coûte chère, sommes-nous condamnés à être noyés sous des productions tellement nombreuses qu’on ne les voit plus ?
Heureusement, Zorro est peut-être arrivé. Je dis Zorro à dessein, parce qu’on va vous parler d’un temps que les moins de 40 ans n’ont pas connu.
Car la solution évidente à la fragmentation extrême de l’offre, c’est peut-être le bon vieux programme télé. Je plaisante à peine. Parce qu’il y a un truc qui ne vous a pas échapper. On reparle de télévision. Oui, la télé de papa. Avec son grand écran qui trône dans le salon, et une télécommande. Une version disons modernisée de tout ça, certes, mais quand même un écran avec une zappette… C’est l’effet « bundle », la stratégie de Warner avec HBO Max, de Disney qui fusionne ses services, d’Amazon qui fait de Prime Video un carrefour de contenus au sein d'un même abonnement), de Canal+, de TF1+… Netflix, YouTube, Amazon et Apple TV ne sont plus seulement des plateformes de diffusion : elles sont devenues les nouveaux « gatekeepers », filtrant ce que nous voyons, décidant de qui émerge et qui sombre dans l’oubli. Et j’ai failli oublié, c’est ma reco du vendredi, la note du boss de YouTube, Neil Mohan, sur cette nouvelle télé.
Problème, avant d’arriver sur l’écran d’accueil, il y a du monde. Les FAI, les OS comme Google TV ou Apple TV sont désormais prêts à façonner nos choix et redéfinir ce que nous appelons « regarder la télé ».
Mais peut-être que les nouveaux boss de cette histoire sont les fabricants de téléviseurs et de télécommandes. Le grand retour du hardware ? Avec les boutons directs sur les télécommandes (Netflix, YouTube, Disney+, etc.) ? Au moins, ils ont un intérêt à ne pas saturer leurs interfaces. En gros, après la guerre des plateformes, la prochaine grande bataille sera celle du contrôle de l’interface utilisateur. Celui ou celle qui commande, c’est celui ou celle qui tient la télécommande.
Alors, si la distribution est toujours la reine et que l’accès est le nouveau boss, que devient le king ? Il se morfond à Graceland ?
Je me suis demandé si Trump n’était finalement pas celui qui avait le mieux capté ce moment de tsunami de l'offre. Et que tous les raconteurs d’histoires et créateurs d’imaginaires devaient sans doute lui emboiter le pas.
Car lui ne se noie pas, il surfe, il marche sur l’eau. Contrairement à un film ou une série qui doit être sélectionnée, il impose son programme comme un flux continu et incontournable, comme une breaking news perpétuelle, un match en direct, dont on ne connait pas l’issue. Son mode de communication est taillé pour ces nouvelles interfaces : live, viralité instantanée, répétition massive, et clashs qui génèrent des réactions en chaîne.
Même face aux recommandations algorithmiques et aux doomscrolling, Trump reste omniprésent car il crée lui-même l’événement chaque seconde, court-circuitant les filtres classiques, depuis son bureau de la Maison Blanche, comme l’host d’un LateShow, avec les mêmes ressorts narratifs, le bureau, des guests qui font les clowns, une imprévisibilité absolue…
Je me demande s’il n’a pas déjà pensé à se faire construire une télécommande plaquée or et marbre avec un bouton TRUMP.
Swann Périssé a tout connu sur YouTube : les galères de tournage, les collab' improbables, les vidéos virales incontrôlables. Aujourd'hui, pour Hupster, elle dresse le bilan de ses 10 ans passés sur la plateforme et nous raconte comment ses débuts et ses premières vidéos ont façonné sa manière d'écrire et de faire rire les gens aujourd'hui.
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