👀 Pourquoi SoftBank est toujours là ?

👉 Ou comment un joueur de poker nommé Masayoshi Son a pu rafler plusieurs fois la mise…

Hupster
5 min ⋅ 12/02/2025

☕️ Hello, si je vous dis SoftBank, vous vous dites peut-être : « Ah oui, cette banque japonaise qui met des milliards dans ChatGPT et qui s’était plantée avec WeWork ». Vous avez raison sur les deux derniers points, mais sachez que SoftBank n’était pas une banque à l’origine. 

💻 C’était une entreprise de logiciels —d’où son nom— qui s’est transformé en fonds à capital risque. Ou en joueur de poker. Car la particularité de SoftBank, c’est d’être la boîte d’un homme, Masayoshi Son, capable de miser gros. Très gros. Et on va vous raconter son histoire.

🧨 Au programme : 1 306 mots pour 6 min 40 de lecture. Enjoy ! David.


Il y a des légendes qui se vérifient plus que d’autres. Celle de Masayoshi Son en fait partie. Partout, on peut lire que dès son plus jeune âge, celui qui va devenir le patron emblématique de SoftBank assène partout qu’il deviendra le plus grand businessman du Japon. L’histoire colle vraiment avec le personnage, parce que toute sa vie a été une suite de coups de force.

Si Masayoshi Son naît au Japon au milieu des années 50, ses parents ont émigré de Corée quelques années auparavant. Le garçon n’est pas très bien intégré et son père doit travailler durement comme éleveur de cochons ou vendeur d’alcool de contrebande.

C’est en grandissant qu’il développe cette espèce d’ambition démesurée dans les affaires. Prenons un exemple pour vous montrer la détermination du personnage. Adolescent, il se persuade que pour trouver sa voie, il doit parler avec l’homme d’affaires japonais le plus célèbre de l’époque, connu pour avoir importé McDo au Japon. Tout ça pour lui demander conseil. À force d’insister, il finit par le rencontrer et ce mentor lui suggère d’aller aux États-Unis.

À 16 ans, Masayoshi Son part donc en Californie au moment où la Silicon Valley commence à se faire un nom. Au lieu de céder au cliché de la vente de limonade au bord de la route pour se faire de l’argent, l’étudiant prend 5 minutes tous les jours pour consigner dans un petit carnet toutes les inventions qu’il voudrait faire breveter. Et ça marche : il finit par vendre à Sharp le brevet d’un petit boîtier portatif de traduction pour 1,7 million de dollars. Il a 19 ans et sa carrière ne fait que commencer. Son autre coup de génie, c’est d’avoir senti venir le boom des jeux d’arcade. Il importe plusieurs machines aux États-Unis et gagne un million de dollars en quelques mois avec ça.

Mais l’aventure américaine se termine. Masayoshi Son avait promis à ses parents de rentrer au Japon une fois ses études terminées. Alors il rentre. Mais riche. Ça fait une grosse différence.

La banque qui n’a de « Soft » que le nom

Quand il revient au Japon, c’est aussi pour imposer sa manière de faire du business : vite et fort. Nous sommes à l’aube des années 80 et Masayoshi Son pressent l’avènement de l’informatique personnelle. Il crée alors SoftBank qui se spécialise dans la distribution de logiciels pour PC, l'édition de livres et de magazines liés à l'informatique et les télécommunications… Problème: Masayoshi Son a raison trop tôt, l’informatique personnelle va bien exploser. Mais pas tout de suite. Alors il doit tenir et il engloutit tout son argent dans ce business.

La suite lui donne raison, les ventes de PC et de logiciels finissent par exploser, et lui est là pour en récolter les fruits. SoftBank grossit très vite et dans les années 90, c’est une entreprise de 800 employés et d’un milliard de revenus par an. Pas mal, mais pas assez pour Masayoshi Son. SoftBank va alors devenir plus banque que Soft, en investissant dans de jeunes boîtes technologiques.

Il met ainsi des millions dans une petite entreprise qui s’appelle Yahoo. Et c’est le jackpot quand celle-ci est introduite en bourse en 1996. C’est le moment où l’on voit poindre le fonctionnement de Masayoshi Son. Tout cet argent gagné est aussitôt remis sur d’autres paris. Et à la fin des années 90, SoftBank a investi quelque 3 milliards de dollars dans 800 entreprises. Tous ces paris n’ont pas besoin d’être gagnants, il en suffit d’un seul pour masquer tous les autres moins flatteurs.

C’est alors que Masayoshi Son réussit un de ses plus beaux coups. Il rencontre un jeune chef d’entreprise chinois, un certain Jack Ma qui veut monter un site appelé Alibaba. Il n’y a pas vraiment de business plan mais Jack Ma a semble-t-il une étincelle dans les yeux qui séduit Masayoshi Son. Et qui l’incite à y investir 20 millions de dollars…

Mais à cet instant, l’heure est à la défaite.


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SoftBank a donc investi dans de nombreuses sociétés d’Internet. Alors forcément, quand la bulle éclate en 2000, elle est aux premières loges. Masayoshi Son est l’homme le plus riche du monde durant trois jours et peu après, il perd 70 milliards de dollars d’un coup. L’homme d’affaires est touché mais pas à terre.

Et surtout, il ne change rien à sa méthode qui consiste à investir dans un domaine avant les autres. La bulle a éclaté ? Qu’à cela ne tienne, il est persuadé que c’est le haut débit qui permettra de faire décoller le marché numérique et surtout de passer d’un marché du PC à celui du mobile. Alors il mise dessus alors qu’il n’y a pas grand-chose, manière de placer ses pions. Et encore une fois, il a raison.

Une anecdote en dit long sur le personnage. En 2006, il appelle Steve Jobs et lui partage une de ses idées : construire un téléphone dont on pourrait se servir comme d’un ordinateur mobile. Jobs lui dit qu’Apple est justement en train de travailler sur un appareil de ce genre : l’iPhone. Alors les deux hommes font un deal : Masayoshi Son aura l'exclusivité de l’exploitation de l’iPhone sur le territoire japonais. Pour cela, il lui faut un opérateur de téléphonie mobile. Pas de problème, il rachète Vodafone Japon pour 20 milliards de dollars. C’est notamment à ça qu’on lui doit le succès de l’iPhone sur le sol japonais. SoftBank va en profiter pour engranger un paquet de forfaits.

Mais ça ne suffit pas à Masayoshi Son. Il a encore en travers de la gorge de ne pas avoir pu investir dans Amazon par manque de liquidités. Alors en 2017, il va faire en sorte que cela ne se reproduise pas.

Pour ce faire, il va chercher à monter un fonds de 100 milliards de dollars. Ça paraît énorme et infaisable mais c’est sans compter sur l’Arabie Saoudite. À cette époque, le pays veut se diversifier et est prêt à mettre gros pour trouver le prochain géant de la techno. Gros, c’est 45 milliards posés dans la balance, ce qui permet à Masayoshi Son de boucler son tour de table.

Tout cet argent est destiné à investir dans les technologies émergentes. L’IA en tête, on y reviendra. Mais c’est à ce moment qu’on va voir qu’un joueur n’a pas toujours de bonnes mains et qu’il est difficile de garder la tête froide.

Aïe, la punch du Wall Street Journal qui fait mal

Alors certes, SoftBank mise sur des startups comme Uber, mais elle va se fourvoyer dans des investissements boiteux et des entreprises technos qui ne l’étaient pas. C’est l’exemple de WeWork qui était censée révolutionner la gestion des bureaux, le coworking, la question du travail… Mais il n’y avait rien de technologique là-dedans. Pourtant, Masayoshi Son accepte de mettre 4 milliards sans même avoir regardé le pitch deck. WeWork finit par être un de ses plus gros échecs, avec une introduction en bourse ratée qui fera date. Des mauvais placements comme ça, il y en a plusieurs à cette époque, ce qui va écorner un peu la stature de SoftBank.

Mais voici venir l’IA et forcément, SoftBank veut en être. Malgré la mauvaise passe financière voire des alertes de faillite, Masayoshi Son est toujours là et est capable de rassembler sur son flair et les gains potentiels. C’est ainsi qu’il est devenu l’allié de Sam Altman d’Open AI et que tous les deux ont travaillé Donald Trump au corps (traduire en le flattant) pour devenir les maîtres d’oeuvre du projet Stargate et ses 500 milliards de dollars d’investissement qui n’existent pas encore pour le moment.

Masayoshi Son a promis de mettre 100 milliards sur la table de suite. Même s’il ne les a pas tout à fait non plus. Alors en ce moment, il cherche de l’argent, des partenaires, des nouveaux types de montages financiers… Et ça, il sait faire.


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Swann Périssé a tout connu sur YouTube : les galères de tournage, les collab' improbables, les vidéos virales incontrôlables. Aujourd'hui, pour Hupster, elle dresse le bilan de ses 10 ans passés sur la plateforme et nous raconte comment ses débuts et ses premières vidéos ont façonné sa manière d'écrire et de faire rire les gens aujourd'hui. Ça se passe sur notre chaine YouTube et c’est dispo juste ici.

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