⚡️ Il suffit de refaire toutes les routes du monde entier, facile non...
On le sait que les véhicules électriques sont aujourd’hui un des moyens de faire baisser de manière significative les émissions de gaz à effet de serre. On le sait et pourtant, ça ne va pas encore assez vite… Les ventes continuent de progresser mais leur part de marché stagne. Voire régresse. Et certains veulent encore ralentir la cadence.
Sous des dehors volontaristes, le lobby automobile commence à vouloir revenir sur la décision européenne de bannir les moteurs thermiques à partir de 2035. Leur stratégie c’est d’appuyer là où ça fait encore mal : les batteries des voitures électriques sont chères, les stations de recharge ne sont pas encore en nombre suffisant, et la recharge prend encore trop de temps… Les mêmes arguments qu’il y a trois ans mais comme ça n’a guère évolué, leurs arguments commencent à prendre.
Alors aujourd’hui, on cherche la révolution technologique qui sera le « game changer », ce qui fera basculer les habitudes. Et parmi les prétendants, il y a Electreon, start-up israélienne qui a fait le pari d’une véritable révolution à grande échelle. Leur démarche paraît dingue, mais c’est la fin qu’on jugera qui a été assez fou et audacieux pour changer le cours de l’histoire
On vous raconte l’une des aventures industrielles les plus folles de ce début de siècle. Ce qui est passionnant, c’est qu’elle est en train de s’écrire sous nos yeux et qu’elle peut aussi bien réussir que se planter.
Certaines start-up naissent dans des garages, d'autres dans des hangars de tôle // © Electreon
Pour comprendre ce qui se joue aujourd’hui, il faut remonter à l’année 2013 et un énorme fail : The Better Place met la clé sous la porte. Cette start-up israélienne avait fait la promesse d’équiper tout le pays en voitures électriques. Son modèle était de vendre un véhicule électrique (une Renault) avec une batterie amovible, qu’on pouvait charger ou changer dans les installations installées dans tout le pays.
Problème, rien n’a suivi, ni les partenaires industriels, ni les consommateurs, ni les institutions. Comme The Better Place avait vu les choses en grand pour imposer un changement radical, le crash a été d’autant plus violent.
Au même moment, Noam Ilan et Oren Ezer travaillent pour une importante société aérospatiale israélienne. Ils veulent se lancer dans le grand bain de la start-up et ils veulent aussi aider la voiture électrique à s’imposer. Et ils ont une idée : démocratiser la charge sans fil.
Pour cela, ils essayent de voir les choses autrement : si tu ne vas pas à l’électricité, c’est l’électricité qui doit venir à toi, et faire en sorte que la voiture se charge en roulant. Pour cela, il n’y a qu’une solution, il faut transformer la route en une immense station de recharge où l’électricité est transférée de la chaussée au véhicule en permanence par via un champ magnétique.
La tâche est immense. Les deux hommes créent Electreon, dont le projet séduit d’emblée mais ils décident de faire l’inverse d’un Better Place : prouver par des expériences concrètes que leur idée n’est pas si folle. Ils vont donc commencer petit dans leur laboratoire improvisé et bricolé, où les employés n’hésitent pas à faire des pauses « surf » afin de stimuler leur créativité.
Mais pour devenir crédibles, il va falloir voir plus grand.
La stratégie d’Electreon va être de monter des projets un peu partout à travers le monde afin d’éprouver sa technologie et surtout, de mesurer la manière dont il faut transformer les infrastructures existantes pour la mettre en œuvre à grande échelle.
Et ce n’est pas rien : il faut creuser une tranchée dans la route, installer des bobines de cuivre, les raccorder au réseau électrique et tout recouvrir. Des travaux qui se font à la vitesse de moins d’un kilomètre par jour. Quand on sait qu’en France, il y a 1 million de kilomètres de route, on voit l’ampleur du chantier. Il faut aussi adapter les véhicules avec des batteries spéciales…
Ah on vous avait dit que c'était pas une mince affaire hein / © Electreon
C’est pour cela qu’Electreon choisit de se focaliser sur un certain type de trajets (les routes d’aéroport par exemple) et de véhicules (les bus, les flottes commerciales). Bref, il s’agit de se rendre utile sur des itinéraires bien délimités.
Ainsi, Electreon passe plusieurs deals pour des projets en ce sens :
Avec la ville de Tel Aviv et une compagnie de bus locale, ils déploient un kilomètre de route électrifiée et installent une station de charge sans fil pour les bus.
Même chose en Norvège avec la recharge sans fil de bus électriques. Objectif à long terme : établir un vaste réseau routier électrique dans la ville de Trondheim pour les autobus électriques, les camions et les taxis.
En Suède sur l'île de Gotland, dans la mer Baltique, c’est une navette aéroportuaire et un camion électrique, qui sont ainsi rechargés. Il s’agit d’un test avant la construction de plus de mille kilomètres d'autoroutes électrifiées.
En France, Electreon a conclu un contrat pour installer une route de recharge sans fil de 2 km sur un tronçon de l'autoroute A10 près de Paris.
À Detroit, ils sont en train d’équiper la première route publique de recharge sans fil des Etats-Unis.
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Et c’est une longue liste de défis qui attend Electreon :
Passer de l’expérimentation locale au global : la première étape est donc de préempter le transport urbain tout électrique pour faire la preuve de son efficacité. Pour ensuite se déployer sur les autres modes de circulation. Pour cela, il faudra que l’industrie automobile suive.
Convaincre les constructeurs automobiles : pour le moment, la technologie implique aussi d’adapter les voitures existantes et c’est très coûteux. Il faudrait à terme qu’elles en soient équipées d’origine. Et l’argument qui pourrait convaincre les industriels c’est que la taille de la batterie sera beaucoup moins grosse et donc beaucoup moins chère.
Trouver un modèle économique : tout ça ne passionnerait pas autant s’il n’y avait pas des promesses de revenus à la clé. Et selon Electreon, le potentiel est illimité : péages sur les routes pour les concessionnaires, prélèvements et abonnements pour les clients enregistrés… Donnée intéressante, tous ces revenus sont susceptibles d’être partagés avec les collectivités, ce qui peut les inciter à investir cette technologie, ou les industriels comme Vinci.
Rester la technologie de référence : ce qui est fascinant avec ce genre de défis industriels, c’est que tout se joue sur un fil. Certes il y a la concurrence qui peut vous dépasser. On sait que Tesla s’intéresse à cette technologie. Mais à tout moment, une nouvelle découverte peut rendre le wireless totalement caduque. Et vous faire disparaître du jour au lendemain.
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