👀 Differs, ou la science du commerce

👉 Ou comment rien n'est laissé au hasard durant le Black Friday...

Hupster
5 min â‹… 27/11/2024

🔎 Hello, vous avez forcément vu que le Black Friday - qui dure bien une semaine maintenant - a commencé. Vous allez voir des remises dans tous les sens. Et bien sachez que celles-ci ne sont pas calculées au doigt mouillé. Amazon, par exemple, nous connaît tellement qu’il sait prédire quel prix a le plus de chances de nous faire craquer. Et c’est scientifique.

Une startup française occupe ce créneau de la prédiction de comportements de consommateurs. Elle s’appelle Differs et elle atteint déjà un niveau de finesse à rendre jaloux Amazon. Elle propose un logiciel sur mesure qui permet de trouver les meilleurs prix des promotions tout au long de l’année. Et même pas besoin de s’y connaître en datascience pour gérer la suite.

L’histoire de Differs, c’est l’histoire de la science qui se met au service du commerce. C’est aussi l’illustration des chemins tortueux que doivent emprunter les jeunes startups pour trouver la bonne formule.

Rata Jacquemart, cofondatrice de Differs, nous raconte tout ça en 6 moments forts.

💥 Au programme : 1 354 mots pour 5 min de lecture. Enjoy, David !


À la base, mes cofondateurs et moi sommes des chercheurs. Nous devenons des datascientists au milieu des années 2010 quand les entreprises commencent à chercher ce genre de compétences. Il n’y en a alors pas sur le marché alors elles vont démarcher des chercheurs et des chercheuses comme moi pour venir « de l’autre côté ».

Je commence dans le groupe Telenor, une entreprise norvégienne de télécommunications qui a un projet de prédiction de comportement des clients. Les « telco » sont le premier secteur à se bouger vraiment sur la question de la data science. J’exerce ensuite dans plusieurs endroits avant de rejoindre Dataiku, où je dirige l'équipe de conseil en IA dans le secteur du retail, la vente au détail.

C’est vraiment dans ce domaine de l’optimisation des promotions qu’on se rend compte que la datascience, ça marche. Que ce n’est pas juste de la hype. Et ce sont ces résultats qu’on met en avant pour montrer l’impact que cela peut avoir sur le business des entreprises avec des chiffres importants, de l’ordre de 25% de marge en plus.

Nous travaillons alors comme conseil, ce sont donc des projets en one-shot. Ça veut dire tout refaire à chaque nouveau client et ça prenait entre 3 et 6 mois. C’est frustrant. On se dit qu’il y a quelque chose à faire. Mais notre première idée, ça ne ressemble pas à ce qu’est Differs aujourd’hui.

Ce qui est bien avec la datascience, c’est que ça donne le sourire, la preuve avec Rata

On est mi-2022, et à ce moment-là, on a envie de monter une marketplace pour mettre en relation des datascientists et des entreprises qui ont besoin de leur service. Ce qu’on veut faire, c’est juste mettre en avant les applications existantes qui pourraient intéresser des marques.

Nous commençons alors à essayer de lever de l’argent. Nous sommes toujours employés de Dataiku et nous faisons cela sur notre temps libre, le midi, le soir et les week-ends. Nous enchaînons des dizaines de rendez-vous mais aucun VC ne veut mettre de l’argent sur nous. Tous trouvent notre business trop compliqué.

Ils ont raison. On oublie quelque chose : se concentrer sur nos points forts. Je ne suis pas une commerciale, je suis une scientifique. Mon point fort, c’est de créer des applications. La prédiction de la demande, c’est de la physique et c’est mon domaine. On se dit qu’il faut qu’on développe un logiciel plutôt qu’une marketplace. On fait évoluer notre projet dans ce sens et là, on lève 600 000 euros en deux semaines après de business angels.

Ce sont des rencontres importantes. Une des principales avec Jean-Baptiste Rudelle, le patron de Criteo, que je croise par hasard à une fête de Noël. Il croit tout de suite en nous, il comprend ce que nous voulons faire. Et comme il n’investit pas souvent, quand ça se sait, plein de gens nous contactent.


UN MOT DE NOTRE SPONSOR

Hupster est partenaire média du premier salon professionnel de la Creator Economy ! Les 10 et 11 décembre 2024 à Station F, retrouvez le rendez-vous officiel des créateurs de contenu, des plateformes, des marques, des agences mais aussi des décideurs politiques ainsi que tous ceux qui façonnent la Creator Economy en France ! La Paris Creator Week c’est un rassemblement de plus de 2000 participants et 200 intervenants parmi lesquels Alexia Laroche-Joubert, Hugo Décrypte, Michèle Benzeno ou encore Amixem.  Rejoignez un événement soutenu par une soixantaine de sponsors de BNP Paribas, en passant par Webedia ou encore Amazon.


On finit par quitter Dataiku. Pile au moment où les aides au chômage sont revues à la baisse et cela bouscule notre calendrier. Mais ce qui nous aide, c’est que notre ancien PDG, Florian Douetteau, nous soutient. Il ne veut pas nous garder à tout prix, au contraire, il a envie qu’on réussisse, qu’on fasse de belles choses en dehors. C’est lui qui parle de nous à Station F, qui vient nous chercher. Et c’est tout de suite très positif, notamment pour notre notoriété.

Quand le logiciel est prêt, on travaille gratuitement avec des premiers clients dans plusieurs pays et plusieurs secteurs pour le tester, l’alimentation en Angleterre, les jouets en Espagne, l’habillement en Allemagne et les cosmétiques en France. Comme prévu, on leur permet d’augmenter leurs marges, et comme ça fonctionne bien, on passe naturellement en payant, mais là, il n’y a que les Allemands qui acceptent de continuer.

Ce qu’on apprend, c’est qu’il faut se concentrer sur la mode, la déco et la maison. Ce sont les secteurs où l’optimisation des promos fonctionne le mieux.

Déjà, quand on se rend compte qu’on permet aux entreprises de faire 25% d’augmentation de leurs marges sur les produits en promotion, on se dit qu’on peut avoir un réel impact sur le business des entreprises.

Et celles qui nous utilisent sont tellement contentes qu’elles acceptent de tourner des vidéos avec nous, de faire des photos, de faire notre promotion. On n’a jamais de mal à avoir les PDG pour dire un mot sur nous. Et toutes ces success stories sont devenues notre principale force de vente. Il n’y a pas mieux pour convaincre quelqu’un d’utiliser nos services.

Nous n’avons jamais douté de notre idée, mais il y a eu deux moments difficiles. Quand on essayait de lever de l’argent auprès des VCs, j’ai dû affronter pas mal de stéréotypes. Comme je suis d’origine thaïlandaise, certains disaient que je ne parlais pas assez bien français pour être PDG. C’est le moment où il ne faut pas baisser les bras. Quand j’ai parlé avec des personnes qui ont fait une école d’ingénieurs, il n’y avait de plus de questions sur mes origines ou mon sexe. On parlait tech.

Deuxième moment difficile : on a dû faire une restructuration d'équipe. À un moment, on était neuf personnes et aujourd'hui on est quatre. On avait levé de l’argent, on a voulu aller trop vite et la direction à prendre n’était pas encore tout à fait claire. Résultat : on a recruté des gens trop vite, trop chers… Au lieu d’utiliser à plein mes compétences et celles de mes associés. J’étais plus utile sur le terrain qu’à encadrer des gens. Or, quand vous montez une start-up, on vous achète vous, autant que le produit. 

On va se concentrer pour aller chercher de nouveaux clients, et notamment les marques européennes. On a aussi checké le marché américain, on sait qu’il n’y a pas grand-monde qui sait faire ce qu’on fait. Pas aussi rapidement et avec un outil aussi performant. Nous allons aussi prospecter dans le luxe, car on s’est déjà aperçu que notre solution  fonctionne très bien dans ce secteur…

(A demain pour une nouvelle question Hupster.)


UN MOT DE NOTRE CHAÃŽNE YOUTUBE

Arthur Laloux se considère comme un sculpteur des temps modernes, son métier : monteur YouTubesque. Après avoir découvert les joies du montage sur Windows Movie Maker gamin, il s’est très vite fait remarquer par des youtubeurs et des collectifs pour son travail. 

Et un jour, il rencontre McFly et Carlito avec qui il va collaborer pendant plusieurs années. Pour ce nouveau face-à-face d’Hupster, Arthur nous raconte son parcours, des anecdotes improbables sur le duo de créateurs le plus connu de France et nous parle aussi de ce qu’il pense du YouTube d’aujourd’hui, lui qui est arrivé sur la plateforme au début des années 2010.

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