☕️ Hello, l’histoire de PayPal, ce n’est pas que l’histoire de PayPal. C’est l’histoire de personnalités du monde de la tech qui la façonnent depuis près de 30 ans. Et dont certaines ne sont pas étrangères à la situation politique que nous traversons, comme Elon Musk ou Peter Thiel pour ne citer que les plus connues.
🛜 C’est aussi une histoire d’internet, à savoir comment la promesse de changer un secteur pour le rendre plus simple et plus juste va dériver vers ce que le web peut proposer de pire : renoncement, opacité, arbitraire...
⏰ On s’est dit que c’était le bon moment d’avoir toute cette saga en tête. Parce que ça permet de comprendre bien des choses d’aujourd’hui. Accrochez-vous, tout ça tient en trois dates charnières.
🧨 Au programme : 1 185 mots pour 6 min de lecture. Enjoy ! David.
Tout commence il y a 27 ans. Oui oui, il y a 27 ans. À une époque où il faut se connecter à Internet via des modems, où ça met des plombes à charger une simple image, où les magazines avec des CD-Roms cartonnent et on peut même encore trouver des Minitels chez ses parents.
Il y a 27 ans, même si on n’a pas de bande passante, sachez qu’on monte déjà des startups numériques avec des noms composés de voyelles. Il y a 27 ans, sachez que Peter Thiel est déjà un gourou inspirant (mais pas encore côté politique). Et que c’est cette image qui a attiré Max Levchin, un jeune homme fraîchement émigré d’une Ukraine en lambeaux économiquement et faisant toujours partie de la république soviétique à cette époque.
Max Levchin a une obsession depuis que ces parents lui ont rapporté un premier ordinateur : développer des programmes pour cet internet balbutiant. Et c’est ainsi qu’il part à la rencontre de Peter Thiel pour lui proposer d’investir ensemble dans une startup.
Dream team…
Le courant passe entre les deux hommes qui, ironie de l’histoire, vont faire un pari complètement sur l’avenir complètement raté mais qui va se retourner en leur faveur. En effet, tous les deux ont l’intuition que le futur, c’est le Palm Pilot. Pour ceux qui sont trop jeunes, le Palm Pilot était un Personal Digital Assistant (PDA), soit un iPhone, avant l’iPhone et sans le succès de l’iPhone (on vous a raconté son histoire sur notre chaine YouTube si ça vous intéresse). En un sens, ils avaient raison, le PDA allait devenir un outil incontournable, mais pas tout de suite et pas avec ce modèle.
A ce moment-là, les deux créateurs pensent que tout le monde aura son Palm Pilot dans sa poche de pantalon (sauf les femmes qui n’en ont pas de poches bizarrement). Ils se disent donc qu’il y aura besoin de logiciels et d’applications. Encore une fois, la réflexion est bonne sauf qu’il n’y a pas assez de clients et donc pas de marché.
Levchin et Thiel se concentrent donc sur un seul programme qui permet de transférer simplement de l’argent d’un Palm Pilot à un autre. Cette fonctionnalité répond à une vraie problématique de l’époque : les banques ne permettent pas de transférer de l’argent de manière simple. Peter et Max créent donc leur boîte, Confinity, et leur application aura pour nom, Paypal.
Pour rappel, nous sommes avant l’explosion de la bulle internet de 2000. L’argent coule à flot. Nokia Ventures met 4,5 millions de dollars dans le projet. PayPal peut recruter une armée de développeurs. Et c’est le moment que choisit Elon Musk pour entrer en scène.
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Alors, Elon Musk entre en scène sans vraiment s’en rendre compte. Il vient de vendre sa première société pour 22 millions d’euros, il a de l’argent, du temps, et surtout des obsessions. Là, à cet instant précis, ce sont les banques qui l’énervent au plus haut point. Il trouve le système bancaire trop vieux, trop lent, il veut le disrupter.
Alors il imagine qu’internet est en mesure de proposer une place bancaire où l’on pourrait tout faire en ligne, avec tous les services financiers qu’une banque offre. Au début, il doit se frotter avec pas mal de réglementations et d’interdits, mais il passe en force et crée sa banque en ligne avec l’appui de Barclays. Et ça s’appelle X.com. Oui, oui, déjà.
Quel rapport avec PayPal me direz-vous ? Et bien même si ce n’est pas le cœur de son métier, X.com propose aussi la possibilité de transférer de l’argent. Et pas seulement entre Palm Pilot. Pas de concurrence frontale donc. Pour le moment. Plutôt même une forme de sympathie, d’autant plus que les deux boîtes sont voisines à Palo Alto.
C’est un mouvement pas du tout stratégique de PayPal qui va mettre le feu aux poudres. Comme tous les possesseurs de Palm Pilot n’ont pas forcément leur PDA sous la main, PayPal les autorise à faire gratuitement les versements depuis un ordinateur à partir d’une adresse mail. Mais là, l’entreprise se rend compte que ça marche beaucoup mieux que les échanges entre Palm Pilot et ils vont désormais se concentrer sur cette fonctionnalité. Et c’est là qu’il va entrer en concurrence frontale avec X.com qui propose le même service. La guerre est déclarée.
Des deux côtés, on sait qu’il n’y aura qu’un seul vainqueur. Et celui qui va gagner, c’est celui qui aura le plus de clients. Alors les deux entreprises s’engagent dans une lutte sans merci avec chacun la même arme : le parrainage. Chacune donne de l’argent à ses utilisateurs pour en ramener de nouveaux dans son giron. C’est efficace mais ça coûte beaucoup d’argent.
Un autre acteur important fait son apparition : eBay. PayPal devient l’outil qui facilite les transactions entre les utilisateurs d’eBay, au grand dam de X qui prend du retard. Mais cette course au parrainage finit par coûter trop cher aux deux acteurs. X n’arrive pas à vendre ses autres services financiers, PayPal perd 100 000 dollars par jour.
Il ne reste qu’une solution pour sauver les deux entreprises : la fusion.
Aucune des deux entreprises n’a envie de fusionner avec l’autre. S’engage alors un bras-de-fer qui aurait pu faire capoter l’initiative. Devant la perspective d’un crash global, chacun y met du sien : la marque reste PayPal et X aura le leadership. Et coup de chance, PayPal lève 100 millions d’euros juste avant que la bulle Internet n’explose et cela lui permet d’être un des rares survivants de cette époque. Mais peu à peu, la startup va se transformer, pas forcément pour le meilleur.
Déjà, cet afflux de cash ne règle pas les problèmes internes nés de la fusion. Notamment à la tête de l’entreprise. Résultat, Peter Thiel démissionne et Elon Musk prend les pleins pouvoirs en faisant un putsch. Il a toujours en tête d’imposer sa grande banque en ligne. Il est lui-même victime d’un putsch au moment où il fait son voyage de noces. Il a beau écourter son voyage et revenir au plus vite, il est débarqué et le nouveau boss s’appelle… Peter Thiel. Ce qui laissera des traces dans les relations entre les deux.
Déjà du X partout…
Si la gouvernance de l’entreprise redevient enfin stable, ce n’est pas le cas des finances. PayPal a lancé ses services premium mais ça ne suffit pas. Elle revient donc sur sa promesse initiale de ne jamais imposer des frais de transactions. Le tollé est énorme chez les utilisateurs, mais PayPal a un argument de taille : il n’y a pas de concurrence.
Dans la foulée, la société qui revendique plus de 10 millions d’utilisateurs entre en bourse puis se fait racheter par Ebay pour 1,5 milliard de dollars. Nous sommes en 2001 et il s’est passé moins de quatre ans depuis le début de cette histoire. Que de rebondissement en si peu de temps.
Durant ces quelques années, PayPal a survécu à beaucoup de choses avant de devenir un géant du web. Au fur et à mesure, elle a même fini par devenir plus gros qu’Ebay. Mais surtout, elle va perdre de son aura. La fin des transactions gratuites avait déjà terni son image, et sa gestion opaque et arbitraire des comptes de ses clients va finir par la transformer en une des sociétés les plus détestées d’internet. Si leur service reste utilisé, il y a longtemps qu’elle n’a plus le monopole sur les transactions en ligne et les banques ont refait leur retard, y compris en termes d’image.
Vous l’avez deviné à lire cette histoire, la saga de PayPal dépasse le simple cadre de cette startup mythique puisqu’on retrouve aujourd’hui dans le tournant pris par les Etats-Unis, les Peter Thiel ou les Elon Musk qui étaient au départ de cette aventure. Mais pas seulement. D’autres personnages qui sont passés par PayPal à ses débuts en sont partis pour aller fonder YouTube, LinkedIn, Yelp… À tel point qu’on les surnomme la « Mafia PayPal », car rien ne s’est fait sans eux.
Cette saga illustre aussi les promesses que la Silicon Valley n’a pas tenues, préférant toujours se ranger du côté du pragmatisme. Peu importe où cela mène.
UN MOT DE NOTRE CHAINE YOUTUBE
Depuis 10 ans, Griffe travaille, entre autres, pour Youtube. Après s'être formé au graphisme et à l'animation, il a fait ses premières armes au Studio Bagel en tant que spécialiste VFX. C’est là-bas qu’il a rencontré les personnalités qui sont aujourd’hui devenues ses clients : Natoo, Mister V ou encore Ludoc. Bon, récemment, il a aussi joué un imposteur pour un autre de ses clients et pas n'importe lequel : Squeezie.
Pendant 25 minutes, Griffe nous parle de sa carrière, de son métier de spécialiste VFX et de l'avenir du monde des créateurs dans lequel il évolue au jour le jour. C’est dispo juste ici. Si cette conversation vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser des beaux pouces en l'air et surtout à vous abonner pour ne pas louper les prochaines. Merci encore pour vos retours de plus en plus nombreux.