👀 Pourquoi les articles fantômes sont un faux problème ?

👉 Ou comment la fin du search révèle les vrais problèmes des médias...

Hupster
5 min ⋅ 07/11/2024

👻 Hello, pas mal de gens m’ont parlé récemment des « articles fantômes ». Non, on ne parlait pas des marronniers d’Halloween. En gros, un article fantôme, c’est un article qui met plus de temps à être écrit qu’à être lu. Selon une étude menée auprès de 30 éditeurs allemands, 80 % des articles produits seraient des « articles fantômes ». Tous ces contenus considérés comme trop longs à produire et à lire — les enquêtes, les interviews…— seraient dans le viseur. 

Le résultat de cette étude a le mérite d’être très imagé, de donner une image concrète d’un problème global. Et sans doute de glisser vers la conclusion suivante: si on chasse ces 80% d’articles considérés comme inutiles, on règle pas mal des malheurs des médias. 

Je n’y crois pas une seconde. Ou plutôt je me méfie de toute conclusion hâtive, même si elle vient d’une étude intéressante. Alors, ouvrons le débat.

🧨 Au programme : 1197 mots pour 5 min 30 de lecture. Enjoy ! David.



Cette histoire d’article fantôme évoque une réalité bien présente dans nos médias : une grande partie des contenus produits et distribués en ligne ne sont pas lus. Ni lus, ni visibles ni recommandés depuis une page d’accueil, attendant que quelqu’un veuille bien les trouver, et les fasse remonter à la surface par quelque action miraculeuse aka la Serendipity.

Avec la fin du search, englouti par les IA génératives, l’avènement des plateformes fermées sur elles-mêmes, et la production exponentielle des programmes, c’est toute la distribution des contenus aujourd’hui qui se pose.


On présente ça comme un problème inhérent à l’écosystème numérique. Comme si ça n’existait pas avant. Et comme si ça ne concernait que le web.

Je me suis demandé si les articles fantômes n’existaient pas déjà dans un quotidien ou un magazine papier. J’ai cherché s’il y avait des études sur ce point précis. Et je n’ai rien trouvé. Il existe plein de chiffres sur les habitudes globales de lecture, mais je n’ai pas vu de chiffres sur la manière dont un lecteur s’empare d’un titre, ce qu’il lit vraiment dans un journal papier. Je pense qu’on aurait des surprises. Et que le chiffres de 80% d’articles fantômes sur le web n’est finalement pas si mauvais que ça si on le compare à un article passé par une rotative.

Je donne l’impression de faire de la provocation en disant ça, mais pas tant que ça. En fait, ces chiffres existent dans les journaux qui ont un jour réalisé des études qualitatives ou des focus groupes pour connaître leur lectorat. Alors certes, ces études sont conduites sur un petit nombre de personnes, donc un échantillon pas forcément représentatif. Et les résultats relèvent forcément du secret industriel. J’ai demandé autour de moi, et on n’a pas voulu me les donner. Et si on n’a pas voulu me les donner, c’est qu’ils étaient sans doute si faibles que ça en serait ridicule.

Le truc avec Internet, c’est qu’on peut tout savoir, tout mesurer : ce que les gens lisent, s’ils vont au bout de l’article, quand ils s’arrêtent, après le titre, après le premier paragraphe, ce qu’ils lisent ensuite ou pas… C’est statistique et mathématique là où c’était empirique (traduire : au doigt mouillé) dans l’ancien monde. 

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