🔎 Hello, vous comme moi, on a l’habitude de voir des jeux vidéos adaptés au cinéma, et le résultat final, c’est souvent pour le meilleur et pour le pire. On a moins l’habitude qu’un jeu vidéo existant soit utilisé pour être au cœur d’une intrigue cinématographique. C’est le pari que fait Xavier Beauvois en faisant de Virtual Regatta, un outil de rédemption pour son personnage principal joué par Jean-Paul Rouve, dans le film « La Vallée des Fous » projeté en avant-première ce mercredi 23 octobre aux Sables d’Olonnes, ce port de départ du Vendée Globe.
⛵️ Et c’est vrai que depuis près de 20 ans, Virtual Reggata fait partie du paysage de la voile et des grandes courses océaniques. C’est une des rares expériences qui a su se marier parfaitement au monde réel, au point d’en devenir un compagnon de route désormais inséparable. L’occasion pour nous de vous raconter comment Virtual Regatta est devenu, et reste, une des plus grandes aventures numériques planétaires.
💥 Au programme : 1 333 mots pour 6 minutes de lecture. Enjoy, David !
L’histoire de Virtual Regatta commence sur la terre ferme. Mais c’est bien un ancien marin qui l’a imaginée. Philippe Guigné a pratiqué la régate et il a même été champion de France à la voile en 1997. Il travaille ensuite comme organisateur d’événements sportifs, et surtout dans sa tête, il voit l’essor d’Internet comme une immense aire de jeux. Littéralement. Télécharger ses jeux vidéos, jouer en ligne… Philippe sent que c’est ça l’avenir. Le e-sport avant que cela s’appelle ainsi.
Il monte donc en 2002 Many Players, une société spécialisée dans les jeux de sport en ligne. Il commence par le foot, puis le rugby. Mais pour le moment, aucun de ses jeux n’accède aux premières divisions. Il faut attendre 2006 et la Route du Rhum pour qu’il se passe quelque chose qui va tout changer.
France Télévisons et France Telecom (qui s’appelait encore comme ça avant de devenir Orange) sont partenaires de la course et ils commandent à Many Players, une simulation de course à la voile. Ça finit par un jeu Flash en 2D qui réunit quand même 50 000 joueurs. Pour le moment, ça en reste là.
Mais peu après, Many Players remet les voiles en remportant un appel à projets du Vendée Globe pour un jeu accompagnant l’édition 2008. Ce qui est intéressant, c’est que le jeu n’est pas la propriété du Vendée Globe. Il permet à Philippe d’exploiter une licence pour la course. Et pour les autres compétitions. C’est ce principe d’ouverture qui va permettre à toute la voile de profiter de cet essor.
En 2008 naît donc officiellement Virtual Regatta dans sa configuration finale : une course virtuelle qui se déroule en même temps que la course réelle, dans les mêmes conditions. C’est déjà un succès monstre : 340.000 joueurs. Et la vague ne fait que monter.
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Quand les grandes courses arrivent, comme la Route du Rhum 2010, on ne parle plus que de ce nouveau genre de compétition : les journaux relatent les exploits des skippers virtuels, les forums de discussion s'enflamment, et même des navigateurs professionnels comme Loïck Peyron, Samantha Davies et Roland Jourdain se prennent au jeu, participant aux courses virtuelles dans les mêmes conditions que les autres joueurs (pour finir très loin des premiers). Virtual Regatta n'est plus seulement un jeu vidéo, c'est un lieu de rencontre, de partage et de compétition pour les passionnés de voile du monde entier.
L’autre élément qui explique l’engouement, c’est le choix depuis le début d’avoir choisi de fonctionner en free-to-play. Tout le monde peut jouer gratuitement. Mais on peut améliorer sa monture en achetant tout une série d’options.
Virtual Regatta a aussi ceci de particulier qu’il ne concerne pas que des gamers, bien au contraire. Il arrive à embarquer des gens qui ne touchent jamais un jeu vidéo le reste de l’année. C’est qu’on peut y jouer, même si on n’y connaît pas grand-chose, ni au monde des jeux vidéo, ni à celui de la voile. Il suffit de choisir le nom de son bateau, ses couleurs, et après on finit par apprendre à se diriger et à lutter contre les éléments.
À l’arrivée, le résultat est le même pour tout le monde, ceux qui mettent un doigt dedans, ne peuvent que vivre cette aventure passionnément durant les trois mois que dure un Vendée Globe. Parfois presque trop passionnément. Et c’est Philippe et ses équipes qui écopent.
Philippe raconte ces moments parfois difficiles : « J'ai failli craquer et mettre la clef sous la porte pas mal de fois. Envoyer tout balader, revenir à un boulot moins dur. Il faut se rappeler nos débuts quand on essayait de construire une fusée alors qu’on avait deux boîtes de conserves et du grey tape. Tout ça pour un jeu qui vous réveillait avec les insultes des joueurs au petit dej', à avaler de gré ou de force. Je me souviens de ce chauffeur de taxi qui est entré quasi de force dans nos locaux pour nous pourrir pour qu’on le classe mieux.. »
Mais un jour, il trouve un sens à tout cela. Il comprend que si les joueurs sont parfois agressifs, c’est qu’ils adorent ce jeu. D’autant qu’ils sont de plus en plus nombreux. Au fil des éditions du Vendée Globe, le nombre de joueurs en ligne explose. Lors de l’édition 2020, en plein Covid, plus d’un million de skippeurs virtuels prennent le départ de la course.
L’offre de jeux s’enrichit également, Virtual Regatta propose d’autres grandes compétitions, comme la Volvo Ocean Race, de défier des skippers renommés, ou d’affronter d’autres joueurs lors des régates.
Virtual Regatta entre dans une nouvelle ère. Le fondateur Philippe Guigné cède l'entreprise à 52 Entertainment, un groupe spécialisé dans le jeu en ligne. Un nouveau chapitre s'ouvre pour le jeu, avec des ambitions renouvelées et le projet d'une refonte majeure. La « Marina », un espace virtuel centralisant les différentes fonctionnalités du jeu, vient d’être mise en ligne, promettant une expérience encore plus immersive et interactive pour les joueurs.
Le 10 novembre, sera lancée la dixième édition du Vendée Globe avec sa version numérique tout aussi disputée. Ça, c’est désormais un classique. Ce qui l’est moins, c’est que peu après sortira le film de Xavier Beauvois avec un Jean-Paul Rouve qui se met au défi de remporter la Virtual Regatta depuis un bateau arrimé dans son jardin.
Prêt à voguer vers d’autres océans…
On verra si le film relance l’intérêt, non pas du jeu dont le succès ne se dément pas, mais du nautisme et de la voile, encalminé dans un pot-au-noir de désaffection. C’est la seule limite affichée par Virtual Regatta. Autant le jeu a su donner un grand coup de projecteur à ce sport, créer des communautés en ligne, et devenir le pendant immanquable des grandes courses… Autant il n’a pas forcément inciter ses joueurs à monter sur de vrais bateaux.
Les grande courses elles, ne peuvent pas s’en passer. C’est ce que dit Philippe Guigné : « Si une grande course ne faisait pas son pendant virtuel, elle se ferait tuer par ses fans. »
UN MOT DE NOTRE CHAÎNE YOUTUBE
Créateur autodidacte, Hervé n’a jamais changé de méthode pour créer ses tubes. Sa recette repose sur une vieille machine : un MacBook Pro de 2009, un logiciel cracké (Cubase 5) et évidemment beaucoup de talent. On a passé une demi-heure avec lui pour qu’il nous parle de son processus de création mais aussi de sa relation aux plateformes sur lesquelles ils enchainent les vannes et les clips viraux. C’est à retrouver sur notre chaine YouTube juste ici !