Hupster

Tous les jours, une question sur l’économie de la création et tous les mercredis une saga décryptée sur une entreprise qui cartonne 💡

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Par Hupster
17 déc. · 2 mn à lire
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👀 L’IA, le paradis des acteurs morts ?

👉 Ou comment on risque de voir Tom Hanks très longtemps sur les écrans

☕️ Hello à tous, aujourd’hui on va parler cinéma et Tom Hanks. Lors de la sortie du film Here dont on a parlé ici et , l’acteur a confié que ça ne le dérangeait pas du tout d’être cloné après sa mort pour continuer de jouer dans des films. On a aussi vu se multiplier les acteurs ressuscités pour les besoins d’une suite. Tout cela provoque un vent de panique dans la profession. Faut-il aussi signer un contrat pour l’après ? Aura-t-on pour deux ou trois siècles des comédies avec des clones de Christian Clavier et Didier Bourdon ? 

👩‍💼 On a rappelé notre avocate préférée, Aurore Sauviat, experte en questions tech. Et sa réponse à nos questions: «peut-être». 

🧨 Au programme : 667 mots pour 3 min de lecture. Enjoy ! David.


«Pour les films ou les séries, il y a des contrats de production qui impliquent un périmètre de cession de droits. Admettons que je sois actrice: dans le cadre de ce contrat, je cède mon droit d’auteur pour un certain nombre d’exploitations. Je parle principalement pour la France, cela peut être un peu différent aux États-Unis. Mais d’une manière générale, cela fonctionne ainsi, on a un contrat qui détermine le périmètre de cession de droits, à savoir une liste limitée, exhaustive. Et tout ce qui n’est pas inscrit n’est pas cédé. Ça, c’est un principe universel.

Donc normalement, on ne va pas plus loin que ce qui est prévu dans le contrat. Il y en a toujours qui cherchent à interpréter un accord pour essayer de lui faire prévoir des choses qui n’existaient pas au moment où on l’a signé. Il y a eu par exemple un litige célèbre avec Quentin Tarantino qui avait découpé Pulp Fiction en NFT. La réponse —européenne tout du moins est claire : ce n’est pas possible.

Ça, c’est pour le droit d’auteur. Il y a aussi le droit à l’image qui relève des droits de la personnalités qu’on ne peut pas céder à tout jamais. Il doit toujours être limité dans le temps et on doit toujours pouvoir préserver ce droit quand il y a des usages qui portent atteinte notamment à ses valeurs morales. Là, on arrive facilement à avoir des retraits ou des interdictions.

Mais là, ce dont on parle, ce sont les droits de personnes vivantes. Quand les personnes meurent, ce n’est pas comme le droit d’auteur, les héritiers ne récupèrent pas les droits de la personnalité.»

Des NFT de Pulp Fiction, ça vous tente ?


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«En tant qu’héritier, on n’a pas de droit sur l’image de la personne décédée, mais ça ne veut pas dire qu’on peut tout faire avec. On peut s’opposer à une utilisation qui provoquerait un vrai préjudice. Mais il faudra le démontrer. Après, tout dépend si on reprend juste la reproduction d'une personne physique, et qu'on anime avec du deepfake ou si on reprend un extrait de film par exemple. Dans ce cas-là il y a des droits d'auteur qui s’appliquent et vous n'avez pas le droit de morceler une œuvre, de la réutiliser à des fins commerciales. 

Ce n’est pas nouveau. Tout cela existe depuis longtemps en vérité. Ça fait un moment que Gandhi et Einstein nous vendent des voitures, des téléphones, du dentifrice… Ça ne nous heurtait pas. Mais là, l’utilisation de l’IA provoque des tollés En Californie, ils sont d’ailleurs en train de légiférer sur le droit à l’image des acteurs décédés. Mais on pourra vendre du dentifrice avec une version deepfake de Tom Hanks quand il sera mort.»

«En France, nous sommes protégés par un droit moral qui est très fort. Mais il faut toujours être exigeant sur la finalité d'utilisation. Quand on cède ses droits à l'image, il faut être le plus précis possible : quelle durée, quel support, quelle diffusion, quel territoire, quel but… 

J’avais pour cliente une artiste dont la photo a été reprise pour illustrer la campagne du RN. Ce n’était pas dans son contrat, on ne pouvait pas utiliser son image à des fins politiques. On a fait retirer la photo.»

(À demain pour une nouvelle saga Hupster, on va parler podcast.)


UN MOT DE NOTRE CHAINE YOUTUBE

On reçoit cette semaine un monument, une personne impossible à interviewer, qui a connu les grandes heures de la télé et qui est aujourd’hui créateur à part entière sur les réseaux et même en podcast. Entretien sans filtre non pas avec le sniper, mais avec le YouTubeur Laurent Baffie (et on a même une petite surprise à la toute fin de l'interview). Le tout est à voir juste ici.