👉 Ou comment le remplacement de journalistes par des robots dans une rédac' locale tourne au fiasco.
☕️ Hello à tous, pour cette fin de semaine, direction l’ouest américain où la révolution de l’IA n’est plus un mythe mais une réalité aux conséquences, vous allez le voir, désastreuses a) pour le journalisme et b) pour le droit à la vie privée.
🧨 Au programme : 520 mots pour 3 min de lecture. Enjoy ! Harold.
D’un journaliste britannique Joe Minihane qui a été embauché par un journal local du sud de l’Oregon pour lequel il a arpenté l’Etat dans tous les sens et écrit des reportages. Problème : Joe n’a mis qu’une seule fois les pieds dans l’Oregon et c’était à Portland pour des vacances. En fait, son nom a été utilisé par une IA pour écrire des articles dans un journal local, « Daily Tidings ». Un média dont le nom est directement inspiré de celui du « The Ashland Daily Tidings », quotidien reconnu dont la rédaction a officiellement fermé ses portes en 2023.
Et Joe n’est pas seul ! En tout, 8 journalistes ont vu leur identité usurpée par cette « newsroom » et y ont signé des dizaines de papiers sans même le savoir. Certains journalistes de « l’équipe » comme Joe n’habitent même pas aux Etats-Unis: deux d’entre eux sont sud-africains, deux autres travaillent pour le journal britannique Daily Mail et sont basés à Londres…
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Cette histoire est complètement folle mais pour la comprendre, il faut rappeler le contexteparticulier de la presse locale américaine. Depuis 2005, le pays a perdu plus de 2 500 journaux et 43 000 journalistes. Rien qu’en 2023, plus de 130 publications ont soit fermé ou soit été absorbées par un grand groupe, économies oblige, 7 000 journalistes américains ont perdu leur job. Et l’Etat d’Oregon n’échappe pas à cette mort programmée (voir graphique ci-dessous).
La chute vertigineuse du nombre de journalistes dans l’Oregon depuis 1960
Le pire dans toute cette histoire, c’est que l’IA utilisée par le site « Daily Tidings » ne se contente pas de voler l’identité de vrais journalistes pour leur faire écrire des articles qu’ils n’ont jamais rédigés, elle modifie d’anciens vrais papiers pour pouvoir les héberger sur son site et diffuser du contenu gratuit sans être accusée de vol de propriété intellectuelle. Et ça n’arrive pas qu’à la presse locale. La newsroom d’enquête tech fondée par des anciens de Vice – 404 Media (dont on vous parlait la semaine dernière) – a également été victime de ces pratiques frauduleuses.
La vraie question qui demeure dans toute cette histoire, c’est : «qui ?» Qui peut bien être derrière une telle arnaque et avec quelles motivations ? Impossible d’avoir une réponse précise. Dans le cas du « Daily Tidings », il s’agirait d’opérations malveillantes, sans doute en provenance « de l’extérieur des Etats-Unis, voire d’un pays comme la Chine », expliquent les avocats de l’ancien propriétaire du journal usurpé « The Ashland Daily Tidings » qui cherchent des réponses à une question qu’on aurait encore jamais imaginé se poser il y a quelques années.
(À lundi pour une nouvelle question Hupster)
UN MOT DE NOTRE CHAINE YOUTUBE
Cette semaine, on reçoit l’un des plus fins connaisseurs de YouTube : Ludoc ! Co-créateur du Studio Bagel, bricoleur infatigable, et même aujourd’hui enquêteur pour sa propre chaine, il nous parle de ses souvenirs du Youtube des années 2010, de ses prochains projets en passant par quelques anecdotes complètement folles avec Snoop Dogg, Jean Roch et Lionel Messi (tout simplement) ! Pour voir tout ça, c’est ici. Hésitez pas à commenter la vidéo si ça vous a plu et à nous suggérer d’autres noms d’invités que vous voudriez voir sur la chaine.
Hupster
Tous les jours, une question sur l'économie de la création et tous les mercredis une saga décryptée sur une entreprise qui cartonne💡