☕️ Hello, cette semaine, c’est la Paris Creator Week, événement dont Hupster est partenaire. Alors pour l’occasion, on avait envie de vous raconter la saga d’un créateur et on a choisi Gaspard G (en attendant de vous proposer des interviews qu’on a enregistrées sur place avec des acteurs clés du secteur).
🤔 Pourquoi Gaspard G ? Déjà parce qu’on l’aime bien. Aussi parce qu’on parle beaucoup du YouTubeur depuis que France Inter lui a confié une chronique matinale. On en parle notamment pour souligner qu’il n’est pas journaliste. Sous-entendu : il n’a rien à faire sur la radio publique. Comme si la carte de presse protégeait du mauvais journalisme…
👀 Pour sortir de ce débat rendu stérile par l’émergence de nouveaux talents, des nouveaux usages et des nouvelles pratiques, nous allons plutôt essayer de retracer le parcours du jeune homme qui fêtera ses 27 ans ce jeudi. Histoire de connaitre ses convictions, ses réalisations, ses intentions… Et de comprendre d’où il parle et où il veut aller.
💥 Au programme : 1 384 mots pour 6 min de lecture. Enjoy, David !
On ne devient pas YouTubeur par hasard. C’est toujours le fruit d’une histoire personnelle. Gaspard Guermonprez grandit dans le Nord. Élève moyen, il fréquente un établissement catholique très strict qui ne convient pas à l’ado un peu geek, un peu tête en l’air qu’il est. Et qui lui convient d’autant moins qu’il ne le protège pas quand il est victime de harcèlement scolaire.
Le garçon est au bord de la déscolarisation, il ne se sent pas adapté - ça aura son importance un peu plus tard - alors son père l’envoie chez son ancien correspondant américain avec qui il a gardé contact. Gaspard débarque du côté de San Francisco à 16 ans et, lui qui vient d’un milieu bien conservateur, sa vie va changer. Il reprend ses études et devient un élève sérieux.
En France, il tenait déjà un blog sur les jeux vidéos dans son collège et il avait aussi commencé à faire des vidéos sur YouTube. Là, il va raconter les aventures du petit Frenchie aux USA. Un classique mais qui va fonctionner. Sûrement parce que le jeune homme commence à acquérir une aisance et un naturel devant la caméra qui vont devenir sa marque de fabrique.
Tout relève du voyage initiatique. Arrivé aux Etats-Unis avec 300 abonnés, il en repart avec près de 120.000. Et un jour, un d’entre eux lui balance : « Je te verrais bien journaliste. » Et c’est quelque chose qui lui parle.
Quand on vous dit qu’il a commencé jeune
Nous sommes en 2016, Gaspard G. quitte les Etats-Unis pour intégrer HEC à Montréal. Et plusieurs événements vont lui faire comprendre qu’il a désormais une parole qui compte.
D’abord en révélant dans une tribune son passé de victime de harcèlement scolaire. Le retentissement est incroyable et son témoignage permet avec d’autres, de mettre ce sujet sur le devant de la scène médiatique.
Le tournant suivant a lieu quelques mois plus tard. Depuis le Québec, il suit les débats sur la suppression des filières du lycée général envisagée par Emmanuel Macron et son ministre de l’Education. Lui qui a repris goût aux études aux USA, a aimé pouvoir choisir ses cours au lycée. Alors sur Facebook, bonnet sur la tête, il donne son avis pour défendre la réforme et dénoncer l’Education nationale qui met en avant des filières avant de mettre en avant des profils. La vidéo est un carton, ce qui lui vaut d’être étiqueté pro-Macron, même si lui s’en défend.
Le plus important dans cette histoire, c’est que Gaspard G comprend qu’il veut parler de politique, de questions de société… Il y a déjà un certain Hugo Décrypte sur le marché mais lui pense qu’il y a largement la place pour d’autres. Surtout avec une approche différente.
Il revient alors sur Paris, rate l’entrée à Science Po. Mais patiemment construit sa chaîne YouTube. En sortie de Covid, il se consacre à plein temps à ses vidéos. Sauf que pour le moment, ses audiences plafonnent. Une seule vidéo lèvera tous les doutes qu’il pouvait avoir.
Nous sommes début 2021 et Gaspard G est ulcéré par les conditions misérables dans lesquelles les étudiants sont maintenus confinés. Il en fait une vidéo et plusieurs millions de vues plus tard, il reçoit un appel du Premier ministre. Mais ce n’est pas ça qui le satisfait le plus. C’est que sa voix et toutes les autres qui ont dénoncé cette situation permettent de faire changer les choses.
Gaspard G devient incontournable. Et les élections qui suivent l’installent comme un média qu’il faut regarder et où il faut aller parler. En 2022, il co-crée une application pour faire découvrir aux plus jeunes les candidats à l’élection présidentielle. Et deux ans plus tard, il interviewe presque tous les candidats aux élections européennes. Même l’extrême droite. Venant d’une région où le FN puis le RN s’est implanté depuis longtemps, il revendique le droit d’interviewer tout le monde et de ne pas faire comme si l’extrême droite n'existait pas. Pour lui, l’info ne doit pas être militante.
La petite entreprise de Gaspard G est sur les rails. Car le jeune homme n’est pas qu’un producteur de contenus. C’est aussi un entrepreneur qui a cette fibre au plus profond de lui.
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Gaspard G a l’habitude de dire qu’il se sent entrepreneur depuis qu’il a 12 ans et qu’il multiplie les projets dans sa tête. Mais qu’il l’est vraiment depuis qu’il paye des salaires et l’URSSAF. Il s’est passé du temps entre ces deux moments, et il a souvent fallu s’accrocher.
Lors de son passage du côté de la Silicon Valley, il avait eu l’occasion de sentir l’effervescence économique qui règne dans cette région. Et ça lui avait plu. Mais lorsqu’il arrive à Paris pour se lancer, il ne connaît personne.
Alors il va accepter tous les cafés qu’on lui propose pour rencontrer un maximum de gens. Il va aussi accepter tous les partenariats publicitaires pour sa chaîne YouTube à partir du moment où ça colle avec ses valeurs. C’est le prix à payer pour garder son indépendance.
Gueule «d’Intello»
Mais il a une autre idée : devenir le leader des gens comme lui. Il crée alors Intello, une agence qui accompagne et finance les créateurs de contenus. Une agence qui fait office à la fois de régie publicitaire et de conseil éditorial.
Pour cela, il a besoin de lever des fonds. Il dépense 1000 euros dans une vidéo destinée spécialement au fonds de Xavier Niel. Une vidéo que personne n’a jamais vue mais qui fait mouche chez Jean de La Rochebrochard qui pilote Kima Ventures. Et Gaspard G finit par convaincre que ça vaut le coup de miser sur lui et son projet.
D’entrepreneur, il en a aussi la mentalité et le vocabulaire. Il parle de mindset et pense que tout le monde peut aller tenter sa chance à New York. En tout cas, cela marche pour lui. Sa petite entreprise a aujourd’hui 7 salariés et elle fait entre 2 et 3 millions d’euros de chiffre d’affaires. Et c’est lui qui aide Claire Chazal à produire son programme sur YouTube.
Cette réussite pousse sur le devant de la scène médiatique cette figure hybride, entre journaliste, producteur de contenus et entrepreneur. Une figure résolument moderne et qui agace.
L’annonce de la chronique que lui a confiée France Inter a réveillé le débat sur ce que veut dire être journaliste à l’heure d’Internet, des plateformes et des réseaux sociaux. C’est peu dire que Gaspard G cristallise les critiques.
Lui prend bien soin de dire qu’il n’est pas journaliste. Que son premier métier, c’est d’être entrepreneur. D’ailleurs, il vient de devenir secrétaire général de l’Union des métiers de l’influence et des créateurs de contenus. Preuve qu’il sait très bien où se situer lui-même.
Il prend aussi soin de parler au « nous » et de ne jamais oublier de mettre en avant son équipe qui comprend la moitié de journalistes produisant ses sujets. Lui écrit aussi, décide beaucoup, mais il est avant tout l’incarnation d’une chaîne qui porte son nom.
Sa vision du média de demain : un groupe rassemblant des visages et des talents, où chacun gère ses contenus et ses modes de diffusion, mais qui sont liés par une régie publicitaire et un écosystème éditorial global. Un peu comme si un média arrêtait d’être généraliste pour ne reposer que sur un certain nombre de verticales.
Si ça ne paraît toujours pas très clair, ne vous inquiétez pas pour Gaspard G, ça l’est pour lui.
(A demain pour une nouvelle question Hupster, on se demandera si on peut virer des robots)
UN MOT DE NOTRE CHAÎNE YOUTUBE
Il a découvert la tech dans ses années collège et ne l'a plus jamais quittée. Aujourd'hui, il en parle sur YouTube à une communuauté qui frôle les 700 000 abonnés. On a voulu comprendre avec Léo Duff comment il fabriquait ses vidéos, combien de temps ça lui prenait et aussi comment il voyait se développer devant ses yeux l'industrie des créateurs dont il fait aujourd'hui pleinement partie.
N'hésitez pas à nous dire en commentaire si vous avez aimé l'entretien, si vous avez des questions ou des envies concernant d'autres invités qu'on pourrait recevoir sur la chaîne. Pour le voir, c’est ici.