Hupster

Tous les jours, une question sur l’économie de la création et tous les mercredis une saga décryptée sur une entreprise qui cartonne 💡

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Par Hupster
30 août · 3 mn à lire
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Et si DAZN n’avait pas tout faux ?

👉 Ou comment trouver le bon prix pour un championnat de foot qui ne donne pas envie

🔎 Hello et bon vendredi à tous ! Supporters, joueurs, commentateurs, ex-joueurs… Tout le monde est tombé sur DAZN, le nouveau diffuseur de la Ligue 1 de football. Trop cher et pas assez pro, a hurlé tout ce petit monde dans un bel ensemble.

Forcément, ça nous a donné envie de regarder ce dossier d’un peu plus près. Loin de nous l’idée de légitimer la stratégie de la LFP (qui en prend pour son grade) mais juste pour essayer de comprendre si le choix de DAZN est effectivement une erreur. Et on n’en est pas aussi sûr. On vous partage ce qu’on a retenu de tout ça.

🧨 Au programme : 926 mots pour 3 ½ minutes de lecture. Enjoy ! David.


Déjà, il faut savoir que ça se prononce « Dazone ». Ensuite, on a l’habitude de le présenter comme le Netflix du sport. Sauf que toute référence de type « le Netflix de » ou le « Spotify de » devrait être interdite par une Convention de Genève de la métaphore. Certes, c’est vendeur et ça permet de se faire une image mentale rapidement, mais c’est souvent à côté de la plaque. En l’occurrence, la question de production des contenus dans le sport n’a pas grand-chose à voir avec les séries ou le cinéma. Et c’est de là que viennent les confusions et les critiques.

DAZN est un service de streaming sportif créé en Angleterre en 2015, qui compte 60 millions d’utilisateurs et opère sur près de 230 territoires. Ce n’est donc pas un nouveau venu opportuniste qui ne connaît rien à son business et son cœur de cible.

La foire aux logos, on vous laisse choisir // @DAZN

Construite d’abord autour de l’univers des paris en ligne, la plateforme a évolué avec l’idée qu’il y avait tellement de sports à regarder, pas assez de chaînes pour les regarder et trop d’abonnements à avoir pour les fans de plusieurs sports. Elle s’est mise à acquérir des droits dans le monde entier, sa diffusion numérique lui permettant de se démarquer des diffuseurs traditionnels.

Elle a commencé par s’implanter en dehors de l’Angleterre, au Japon, en Australie, en Allemagne, au Canada, aux États-Unis, en Espagne, avant de lancer sa plateforme dans plus de 200 pays en 2020, à un prix défiant toute concurrence. Sa force : être capable de diffuser un énorme volume d'événements sportifs simultanément. Et on y trouve aussi bien de la boxe, que du foot, du MMA, du basket… En fonction des pays forcément, on reviendra sur ce point.

C’est la principale critique à l’encontre de DAZN. Payer 29,90€ par mois pour voir des matchs de la Ligue 1 serait beaucoup trop cher… Sauf que ce n’est pas que pour le foot, et c’est souvent ce qu’on oublie de souligner. C’est pour l’ensemble de l’offre DAZN en France qui propose à côté de la Ligue 1, du basket français, la ligue des Champions féminine de football, de la boxe, du MMA… On peut juger cette offre insuffisante pour ce prix, mais c’est un autre débat. Et ça ne concerne pas que le football français qui a tendance à se prendre pour le nombril du monde sportif.

Et ce qui fait encore plus rager les Français, c’est que la Ligue de Football Professionnel a lancé une offre pur numérique à destination des Anglais à 12 euros seulement pour suivre le championnat français. Reste à savoir s’il y a un public pour suivre seulement la Ligue 1 de l’autre côté de la Manche.

À titre de comparaison, l’offre DAZN en Allemagne coûte 34,99€ par mois, mais à ce prix, il y a les principaux championnats de foot européens (Bundesliga, Serie A, Liga et donc Ligue 1) plus la Champions League. Rien qu’en foot.

Jusqu’à présent, en France, on avait l’habitude de s’abonner à un diffuseur global. On s’abonnait à la Ligue 1 mais on y trouvait d’autres championnats, d’autres sports et d’autres contenus de type cinéma ou séries. Cette fois, la démarche est différente, c’est sport en direct only. C’est autant un problème financier que culturel. DAZN propose un autre type d’expérience et la question est de savoir si on est prêt pour ça, comme ça existe dans d’autres pays.


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DAZN vient d’annoncer une promotion sur son abonnement, via Amazon. Et cela a été interprété comme un aveu d’échec. Alors c’est vrai que la plateforme a l’ambition de réunir 1,5 million d’abonnés rapidement et ces débuts ne sont pas encourageants.

On ne peut pas s’empêcher de penser à l’épisode Mediapro qui avait obtenu des droits de la Ligue 1 avant de jeter l’éponge et de tout refourguer à Canal +. L’expert Philippe Bailly rappelle également que Pass Ligue 1 d’Amazon n’est pas allé au-delà des 1,8 million d’abonnés au cours des trois saisons pendant lesquelles il a été proposé, malgré un prix à peu près deux fois inférieur (abonnement Amazon Prime compris) à celui de l’offre DAZN.

Mais nous sommes dans un cas différent avec un acteur qui a l’habitude de s’imposer en jouant sur les terrains adverses. On voit aussi qu’il n’a pas eu le temps de vraiment communiquer. On saura de quoi il est capable quand il aura construit le message avec son offre. Voire quand il aura construit son offre.

Ce qui inquiète, c’est de savoir s’il aura le temps de le faire dans le contexte économique global, lui qui a quand même perdu beaucoup d’argent ces dernières années.

Et au final, plutôt que de savoir si l’offre de DAZN est adaptée à la France, il faudrait peut-être se demander si la Ligue 1 vaut toutes les attentes qu’elle suscite. Et quel est le vrai prix du foot français ? 


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