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Tous les jours, une question sur l’économie de la création et tous les mercredis une saga décryptée sur une entreprise qui cartonne 💡

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Par Hupster
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👀 Pourquoi Le Canard Enchaîné se jette dans la mare du numérique ?

👉 ou comment l'hebdomadaire satirique a imaginé son arrivée dans le monde numérique après avoir longtemps résisté...

Hello, vous avez vu ? Le Canard Enchaîné a son site internet. Ça n’a l’air de rien mais c’est une petite révolution dans la presse française. L’hebdomadaire satirique avait longtemps refusé de mettre une patte dans le bouillon numérique. Mais après avoir testé, avec succès, les réseaux sociaux et la vente en ligne, il a fini par franchir le pas. Christophe Andrieu, web designer et spécialiste de l’expérience utilisateur, a travaillé avec les équipes du journal pour transposer l’esprit du Canard sur un site. Et c’est réussi. Un seul coup d’oeil et vous savez où vous êtes. Christophe Andrieu nous raconte comment il a travaillé pour relever ce défi.

🧨 Au programme : 848 mots pour 3 ½ minutes de lecture. Enjoy ! David.


De l’expérience. J’ai commencé par travailler pour de grosses agences com’, plutôt sur la partie technique. Et puis au fil du temps, j’ai pris un virage « créa ». Tout un bagage qui me sert aujourd’hui quand j'arrive sur un projet comme un site de presse avec une très forte demande de responsive, d'accessibilité, et beaucoup d’autres sujets assez techniques. Dans ma méthode de travail, une fois les premiers écrans testés sous forme graphique, je bascule directement en CSS et on peut travailler sur le format final. C’est très bien pour le client parce qu'il arrive à se projeter sur des choses qui sont quasi définitives, il peut regarder les maquettes sur son téléphone… C’est un process qui fait gagner du temps et de l’argent. C’est comme ça que ça s’est passé pour Le Canard Enchaîné.

Quand le palmipède se jette dans la grande mare…du numérique

Oui j'ai réalisé la partie graphique de la boutique en ligne il y a deux ans. J’ai toujours été un lecteur du Canard, et je bosse déjà pour ce type de presse. Alors quand Le Canard a lancé un appel d’offres pour construire leur boutique, je n’ai pas hésité, je me suis dit qu’une telle occasion ne repasserait pas deux fois dans une vie. Pour le Canard, la mise en ligne de cette boutique, puis de la version PDF du journal, ça a été une manière de mettre un pied dans cet univers numérique. L’idée d’un site a ensuite pu faire son chemin. Et au moment voulu, ils ont repris contact avec moi.

N’oublions pas que le Canard est numérique depuis un moment avec sa boutique mais aussi avec son compte Twitter et son million d’abonnés. Mais les personnes qui lisent le papier en kiosque toutes les semaines ne sont pas les personnes qui lisent le pdf qui ne sont pas non plus les personnes qui lisent le site, on ne chasse pas le même public.

Il y a la nécessité d’installer cette publication dans cet univers numérique. Nous sommes là sur un modèle assez proche de celui de Mediapart, avec un paywall, un média d’investigation indépendant. Mais la différence avec les autres se fait peut-être sur le côté satirique et le dessin de presse qui est vraiment à part.


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On a commencé par un prototype graphique exclusivement. C’était une étape importante. Le Canard, c’est une rédaction très « print » et il y avait une forme de doute, et c’est bien normal, sur la capacité du web à s’emparer de l’esprit d’une parution aussi prestigieuse, avec une base iconographique pléthorique. Il fallait donc convaincre que c’était possible, de montrer vers où on allait se diriger. On a donc travaillé sur la home, pour montrer à quoi elle pourrait ressembler et ça a été tout de suite concluant. Nous n’étions pas nombreux sur le projet, j’ai bossé avec un chef de projet en interne chez eux qui a été très professionnel et a évité tout stress. C’est lui qui a créé les wireframes et ensuite, moi, mon boulot c’est de venir les challenger, d’apporter mon oeil, avant de passer en production.

Il y a eu en parallèle un important travail sur le SEO. Et notamment des échanges sur les intitulés, la longueur des textes, les titres… Au Canard, il y a beaucoup de particularités, mais il y en a une vraiment spéciale, c'est le vocabulaire. Comme les titres des rubriques assez cryptiques pour qui ne le lit pas souvent. Plouf, par exemple, c’est une rubrique, et en SEO c'est un cauchemar. Donc à chaque fois, il faut réfléchir sur la manière dont on va valoriser tel ou tel contenu pour les lecteurs mais aussi pour Google.

Nous étions face à une base iconogaphique très riche, centenaire. On a dû faire un travail d'archéologie pour aller chercher des anciens dessins, des lettrages aussi. Et ensuite, il y a eu aussi un gros travail graphique de nettoyage parce que certains originaux étaient perdus, il y a fallu travailler à partir de scanners parfois de mauvaise qualité. Et c’est important car aujourd’hui, on a des écrans de très bonne qualité et il faut être à la hauteur. Ça a été un travail de fourmi.

Même la mythique « mare aux canards » a été numérisée

On est parti de la une papier qui est iconique. Très structurée, c’est une espèce de patchwork avec plein de blocs différents, une mosaïque un peu chaotique en apparence, mais pas tant que ça en fait, il y a vraiment des règles tacites très très fortes, comme les oreilles, ces deux blocs de chaque côté qui se répondent. Il y a plein de petits détails aussi, comme les typos très diverses, les titres calligraphiés, ou les tout petits dessins. On a adapté tout ça et quand on arrive sur la home, il y a cet esprit Canard qui saute aux yeux. À la fin, tout le monde a été convaincu en interne. Ce n’était pas la seul manière de faire le site, mais c’en était une et ça fonctionne.

Les hésitations de départ ont été levées dès la sortie du site. Après il ne faut pas oublier qu’un site comme celui-là est toujours en devenir. C’est un travail permanent de questionnements : ce qui a marché, ce qui a mal marché, comment est-ce qu'on valorise ce qui a marché, comment est-ce qu'on traite ce qui n'a pas marché, est-ce qu'on le supprime, est-ce qu'on améliore, etc. ? Un site doit être toujours en mouvement.


LA RECOMMANDATION HUPSTER

Il y a 10 ans, Justine Le Pottier est l’une des plus grosses stars de YouTube en France. Figure du collectif Golden Moustache, les vidéos dans lesquelles elle apparaissait faisaient parfois plus de 15 millions de vues. Aujourd’hui, dans un nouvel épisode de nos entretiens hebdomadaires sur notre chaîne Youtube, Justine revient sur cette période dorée des tout débuts de l’humour sur le web et se verrait bien, pourquoi pas, recommencer… On a aussi parlé théâtre, cinéma, écritrue… et c’est à retrouver juste ici.