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Tous les jours, une question sur l’économie de la création et tous les mercredis une saga décryptée sur une entreprise qui cartonne 💡

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Par Hupster
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👀 Comment Strava ? Strava fort !

👉 Ou comment cette application de sport a su se rendre indispensable...

🔎 Hello. Ça fait au moins deux fois que Strava se retrouve au cœur d’un imbroglio militaro-diplomatique. En 2018, l’application qui permet d’enregistrer ses performances sportives était utilisée par des militaires en Afghanistan, en Irak et en Syrie et cela avait permis de géolocaliser de manière précise des bases militaires américaines.

Et il y a quelques jours, Le Monde a révélé que l’utilisation de Strava par la garde rapprochée d’Emmanuel Macron lors des déplacements à l’étranger pouvait permettre de localiser les endroits où séjournait le chef de l’Etat.

Quand on connaît l’utilisation de Strava, cela en dit plus long sur l’inconscience de ses utilisateurs que sur d’éventuels défauts de l’application.

Car si Strava est victime de son succès, c’est parce qu’il repose notamment sur le partage volontaire de données entre sportifs, qu’ils soient athlètes de haut niveau ou coureur du dimanche (ou gardes du corps donc). 

Ça fait longtemps qu’on avait envie de vous raconter cette histoire. L’occasion a fait le larron.

💥 Au programme : 1 490 mots pour 6 min 30 de lecture. Enjoy, David !


L’histoire de Strava commence bien avant son lancement officiel. Et elle permet de comprendre l’état d’esprit de ses deux cofondateurs, Mark Gainey et Michael Horvath. Tous les deux se rencontrent lors de leurs études à Harvard au milieu des années 80. Pas sur les bancs, mais dans un aviron. 

Les deux jeunes hommes sont des sportifs accomplis mais sur le papier, c’est leur seule ressemblance. Michael a passé une partie de son enfance en Suède (ça aura sa petite importance), et c’est une tronche en économie. Ce n’est pas faire injure à Mark que de dire que ce sont ses performances sportives qui l’ont aidé à intégrer la prestigieuse faculté. Les deux deviennent amis mais la vie post études va commencer par les séparer.

Michael devient prof d’économie à Stanford où il enseigne notamment comment lancer une entreprise. Et Mark, qui a vu sa carrière de sportif de haut niveau brisée par une blessure au dos, travaille pour une société de capital risque où il dresse les portraits d’entrepreneurs pour aider à leur notoriété. Bref, tous les deux tournent autour de la création d’entreprise et ils finissent par franchir le pas, ensemble, en 1996. 

Le déclic, c’est l’arrivée d’internet dans la sphère grand public. Et déjà Mark et Michael imaginent ce que va devenir Strava. Car quitte à travailler ensemble, autant que ce soit pour exploiter leur passion du sport. Ils ont une idée : ils veulent recréer une sorte de vestiaire en ligne, où on se retrouve entre sportifs pour débriefer, se motiver, s’encourager, se défier… Mais à ce moment de l’histoire, la technologie ne leur permet pas de réaliser ce qu’ils ont en tête.

Alors ils montent une entreprise de relation clients en ligne, loin du sport donc. Et c’est un énorme succès. En 2000, ils font son introduction en Bourse puis cinq ans plus tard, ils la revendent. Ils sont riches, ils ont du temps et ils sont toujours fans de sport. Et cette fois, peut-être que la technologie qu’ils attendaient est prête.

Michael Horvath et Mark Gainey, cofondateurs et stravanovistes…

Les étoiles s’alignent pour le duo Michael/Mark : les téléphones embarquent désormais le GPS, les sportifs ont pris l’habitude d’utiliser des montres comme Garmin pour monitorer leurs performances mais ce qui leur manque, c’est un endroit où pouvoir les commenter ensemble. Et voilà comment naît Strava, nom dont les origines suédoises ont à voir avec l’effort et la motivation.

Les deux amis embauchent une petite équipe de six développeurs qui montent un petit site web simple mais fonctionnel qui permet d’uploader ses datas et de les partager. Leur première cible, ce sont les cyclistes. Et ce n’est pas par hasard. Ces sportifs ont déjà l’habitude de comparer leurs stats en permanence. Pour le moment, il n’y a pas de lieu qui les rassemble. Strava veut incarner ce lieu.

Pour cela, il faut se faire connaître. Toujours le même problème : comment faire quand on n’a pas un rond à mettre dans le marketing ? Seule réponse : le bouche-à-oreilles. Et c’est là où il faut être malin. Ils commencent par mobiliser leur entourage pour s’abonner à leur nouveau service et en parler autour d'eux. Pour les inciter, ils vont même un jour acheter des montres Garmin chez Cotsco pour les offrir à leurs amis. Comme ça, ils n’auront pas d’excuses pour ne pas utiliser Strava.

Et très vite, arrive le premier « vrai » abonné. Il s’appelle David et comme tous les premiers utilisateurs
du service, il jouera un rôle important dans le développement de Strava. David est toujours abonné et il garde une place un peu spéciale dans cette communauté grandissante qui va jouer un rôle crucial dans l’explosion de Strava.


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Après une première levée de fonds, Strava embauche et dès lors, connaît un développement rapide. Notamment grâce à la technologie et la sortie d’une application pour mobile qui va simplifier le transfert
et les échanges de données.

Toujours plus de fonctionnalités sur les performances et toujours plus d’outils pour se comparer les uns aux autres : possibilité de cartographier sa course, de suivre son temps de déplacement, son rythme moyen, ses fractionnements et son dénivelé…

Une fois bien installé sur le cyclisme, Strava va proposer d’autres sports. Il fallait bien commettre une erreur. Ça sera son application dédiée pour la course. Mais en 2014, elle se rend compte qu’il est plus simple de proposer tous les sports dans une application unique.

Elle écoute également les besoins de sa communauté qui va lui demander d’être de plus en plus précis. Par exemple, les cyclistes peuvent être davantage intéressés par leurs performances sur une portion précise que par leur sortie en entier. Ils vont le faire remonter à Strava qui va créer des segments sur lesquels les sportifs vont pouvoir se mesurer. Une fonction qui va devenir très vite populaire.

Et comme ses utilisateurs semblent joueurs, autant y aller à fond dans la gamification : les utilisateurs comme les marques peuvent créer des clubs, des communautés, créer des challenges et on peut même y recevoir des récompenses, des médailles de meilleur score personnel, des couronnes de segments, on voit les barres de progression pour les objectifs de kilométrage hebdomadaires, mensuels ou annuels…Parfois, ce sont les utilisateurs qui construisent leur propre jeu, par exemple en réalisant des dessins à partir de leurs parcours sur des cartes. 

La force de Strava par rapport à la concurrence, c’est à la fois d’être utilisable en mode solo, juste pour soi-même, et de proposer des interactions sociales qui deviennent rapidement indispensables et addictives.

L’application est bien en place, elle atteint le moment où sa propre popularité suffit à attirer des nouveaux utilisateurs, sans pub, sans marketing.... Quand soudain un petit évènement mondial met le monde à l’arrêt.

La pandémie de Covid va mettre un paquet d’entreprises en pause et en remise en cause forcée.
Pour Strava, ce sera un accélérateur incroyable. Les salles de sport et les studios de fitness du monde entier ferment leurs portes, les gens sont coincés chez eux, sauf pour garder la forme, monter sur des vélos, courir. Et Strava leur permet à la fois de se motiver mais aussi de rester connectées, un élément crucial dans cette période de solitude. Résultats : des nouveaux utilisateurs par millions en quelques mois.

Et alors que l’activité économique est à l’arrêt et que tout le monde cherche comment renflouer sa tréso, Strava boucle un tour de table de 110 millions de dollars. De quoi se développer dans le domaine de la cartographie 3D et de l’IA.

Paradoxalement, c’est au moment où l’application se porte le mieux que des questions se font jour quant
à son avenir…

Avec 120 millions d’utilisateurs, tout va bien chez Strava mais tout ne va pas TRES bien
et ses cofondateurs le savent bien. En février 2023, Michael Horvath annonce qu’il va passer la main.
Et les raisons sont claires : 

« En tant que cofondateur et PDG, mon travail est de s’assurer que nous choisissons la bonne voie pour y parvenir »

Il est temps de passer la main à quelqu’un à même de construire la suite de l’histoire. Et pour cela,
il choisit Michael Martin, ancien de Nike et de Disney. Un signe.

Strava arrive à un moment de son histoire où elle va devoir choisir entre plusieurs chemins, comme toutes les startups financées par des fonds de capital-risque : une introduction en Bourse, ou une revente à une plus grande entreprise. Problème, on ne voit pas bien à qui elle peut se vendre et elle n’est pas forcément prête pour une IPO.

Il n’y a pas d’urgence car l’entreprise reste rentable mais des questions se posent sur l’avenir d’un modèle qui repose sur la vente d’abonnements. Jusqu’à présent, et cela fait partie de ce qui constitue sa notoriété auprès du public, elle a toujours refusé de vendre les données qu’elle collecte. Mais elle manque de diversification et ne parvient pas à se défaire de deux reproches:

  • Strava a parfois eu une politique tarifaire déconcertante. Si son passage en modèle freemium a été douloureux mais réussi, les récentes augmentations de tarifs ne sont pas du tout bien passées dans la communauté.

  • Elle n’a jamais exploité certains aspects de son potentiel commercial. C’est l’ultra-traileur, Alexandre Boucheix qui le raconte dans le podcast Génération Do It Yourself en prenant pour exemple les possibilités offertes par l’application en matière de recommandations de parcours dans le monde entier.

On saura assez vite si ce sont des problèmes de riche. Car Strava est aujourd’hui incontournable et sans concurrent. S’il n’est pas encore devenu un mot, Strava est déjà une drogue tant sa place prise dans la vie des sportifs, amateurs ou pro, est énorme.Il suffit de demander à un coureur ou un cycliste ce qu’il ressent quand il n’a pas pu, à cause d’un bug, charger sa session sur son application… 

Si ce n’est pas sur Strava, ça n’existe pas.

(A demain pour une nouvelle question Hupster. On parlera “articles fantômes”.)


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Domingo a commencé en 2013 avec League of Legends dans sa chambre, et tout s'est enchaîné depuis : il fait aujourd'hui partie des pionniers du streaming français. Il anime sa propre émission, Popcorn, diffusée sur Twitch et est l'un des rares à organiser des défis sportifs en live. PA revient sur son incroyable parcours. C’est à retrouver sur notre chaine YouTube juste ici !