Hupster

Tous les jours, une question sur l’économie de la création et tous les mercredis une saga décryptée sur une entreprise qui cartonne 💡

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Par Hupster
1 mai · 4 mn à lire
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👀 Pourquoi ça marche Doctolib

👉 Où l'on apprend que la start-up s'est imposée grâce au porte-à-porte

🔎 Hello, on vous emmène cette semaine dans les coulisses d’une réussite entrepreneuriale que le monde entier nous envie : Doctolib.

🧨 Au programme : 1 256 mots pour 5 minutes de lecture. Enjoy ! David.


Doctolib est considéré comme la licorne la plus emblématique de la French Tech. Et bien figurez-vous quand lorsqu’on regarde son histoire de près, cette saga n’a finalement pas tant à voir avec une grande rupture technologique, plutôt avec les bonnes vieilles méthodes de vente.

Oui, Doctolib, c’est avant tout une histoire de force commerciale, de gens qui vont frapper à des portes partout en France, non pas pour vendre des encyclopédies en papier, mais une solution logicielle. Et des portes, il a fallu en faire ouvrir un paquet avant de devenir la success-story qu’on connaît. Car ils n’étaient pas les seuls à sillonner les routes et il a fallu se battre. À l’ancienne.

L’histoire de Doctolib, c’est donc un mélange de méthodes old school appliquées au nouveau monde, de coups de maître de fondateurs méticuleux et de coups de pouce du destin. En soi, elle est difficilement reproductible, mais il y a beaucoup de choses à en apprendre. On vous raconte ça en 4 points.

1/ Aux origines de la licorne

La légende qui raconte le moment où est née l’idée de Doctolib n’est pas très claire. On peut trouver deux histoires qui ne sont pas forcément incompatibles d’ailleurs. Un coup, c’est un des cofondateurs, Steve Abou Rjeily qui a eu l’idée après un séjour étudiant en Corée du Sud où, malade, son colocataire lui propose de trouver un médecin français grâce à une plateforme de mise en relation. Une autre fois, c’est le patron lui-même, Stanislas Niox-Chateau, qui a écrit le projet dans un restaurant à Berlin.

Il a de quoi sourire. Stan'.. // ©DoctolibIl a de quoi sourire. Stan'.. // ©Doctolib

Ce qui est sûr, c’est que Doctolib voit le jour en novembre 2013. Et ce qui est sûr aussi, c’est que le vrai patron et leader, c’est Stanislas Niox-Chateau. Tout se construit autour de lui, mais on y reviendra pour comprendre pourquoi.

Le projet de l’époque, qui est resté le même : créer un outil de prise de rendez-vous qui simplifie la vie des médecins et des patients. Et pour commencer, il y a trois choses à faire :

  • Créer une plate-forme : ils travaillent avec une cinquantaine de professionnels de santé pour construire cette plateforme. Ces bêta testeurs les aident à comprendre leurs besoins et améliorer la plateforme.

  • Imaginer un modèle économique : les médecins paient un abonnement fixé en fonction de leurs  demandes et pour les patients, c’est gratuit

  • Lever des fonds : grâce à son carnet d’adresses, Stanislas Niox-Chateau parvient à récolter une première mise d’un million d’euros dès février 2014.

Maintenant il faut convaincre… Et ça ne va pas se faire tout seul.

2/ Construire sa propre légende

Avant d’arriver à ce qui va constituer le nerf de la guerre dans ce récit, il faut s’arrêter un instant sur la personnalité de son principal fondateur pour se rendre compte de l’importance du storytelling. En effet, Stanislas Niox-Chateau, c’est du pain béni pour tous les journalistes, c’est à la fois une bête de guerre (on dit à la fois que c’est dur de bosser à ses côtés mais qu’on apprend tellement) et un personnage plein de failles.

Zuckerberg avait le hoodie de teenager, Doctolib aura le t-shirt bleu // © DoctolibZuckerberg avait le hoodie de teenager, Doctolib aura le t-shirt bleu // © Doctolib

Ce francilien était d’abord destiné à devenir un champion de tennis contemporain d’un Gaël Monfils. Mais une blessure au dos brise ce rêve. À la place, il fait HEC avant d’intégrer un fonds d’investissement. Et pas n’importe lequel, il s’agit d’Otium qui a mis des billes dans une application La Fourchette (devenu The Fork), un service de réservation en ligne de restaurant, ce qui aura son importance un peu plus tard. Mais nous n’en sommes pas là.

En attendant, Stanislas Niox-Chateau fait ses gammes, il apprend, il va sur le terrain et il touche à tout. Ça sera formateur quand 4 ans plus tard, il décide de monter sa première boîte qui sera donc Doctolib. Il embarque trois cofondateurs et plusieurs investisseurs dont ses deux anciens boss d’Otium qui ont saisi qu’il fallait miser sur lui.

Nous sommes donc fin 2014. Doctolib a réussi sa première levée de fonds, puis une deuxième dans la foulée et Stanislas Niox-Chateau va mettre en pratique ce qu’il a appris. Car il n’est pas le seul à avoir la même idée que Doctolib. Ils sont même assez nombreux sur le créneau et la guerre va être sans pitié.


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3/ Pas de place pour le deuxième

Il s’appellent donc rendezvousfacile, clicrdv, docmii, sansrdv, keldoc, mondocteur… Et ils veulent tous devenir l’intermédiaire incontournable entre les patients et les professionnels de santé. Parmi tous ses prétendants, Doctolib et Mondocteur semblent les mieux armés. Doctolib parce qu’il a levé des fonds conséquents. Et Mondocteur parce qu’il est soutenu par Lagadère et donc Doctissimo qui lui appartient.

Tous les deux savent qu’il n’y aura pas place pour le deuxième et ils vont avoir la même stratégie : faire du porte-à-porte chez les médecins et de dentistes pour faire grossir leur carnet de commandes. À l’ancienne.

Les médecins sont d’abord réticents, ça leur prend un temps précieux de recevoir des commerciaux pour un gain qu’ils ne perçoivent pas au début. Il faut donc les convaincre un à un, puis les former aux outils… Tout ça prend du temps. Stanislas Niox-Chateau fait lui-même la promo et les tournées pour comprendre les attentes, discuter avec les médecins, les secrétaires médicales.

Et il y a un argument qui prend : le no show. Le no show, c’est quand le patient oublie son rendez-vous. Et ça, mine de rien, ça coûte cher aux médecins. Alors ce que Doctolib et les autres proposent, c’est de faire baisser ce no show en envoyant des SMS de rappels. Et ça marche.

Là où Doctolib va faire la différence, c’est sur ces quatre points :

  • En étant les premiers à aller chercher des gros contrats avec des cliniques

  • En gagnant la guerre du référencement sur Internet

  • En mettant en place un modèle scalable, car là où La Fourchette (on y revient), prenait une com’ sur chaque réservation réalisée par son entremise, Doctolib a tout misé sur l’abonnement

  • Ce qui lui intéressent beaucoup plus les investisseurs et a permis de lever plusieurs fois des fonds pour pouvoir embaucher des commerciaux, le nerf de la guerre

Et en 2017, il porte un coup fatal à ses concurrents directs : il gagne l’appel d’offres des Hôpitaux de Paris avec ses 9000 médecins et ses quatre millions de consultations par an. À ce moment, il a la main sur 70% du marché. L’année suivante, il finit par racheter Mondocteur.

Qui oserait faire un « no show » face à un tel médecin ? // ©Doctolib Qui oserait faire un « no show » face à un tel médecin ? // ©Doctolib

La victoire était déjà totale mais le Covid les a propulsés dans une autre dimension. En plein cœur de la campagne de vaccination, Doctolib devient LA plateforme où trouver un rendez-vous. Et en mars 2022, Doctolib lève 500 millions d’euros, ce qui la valorise à près de 6 milliards d’euros. Objectif Monde pour cette licorne ultime.

Il reste quoi à conquérir ?

L’an dernier, Doctolib a fêté son dixième anniversaire. Une commémoration qui tient en quelques chiffres : 500 millions de rendez-vous par an, 340 000 professionnels de la santé en Europe et 40 millions de patients en France. Il est clair que la suite pour la plate-forme, c’est de s’installer dans le monde entier. Mais pas seulement.

Car la rupture technologique, elle est peut-être pour maintenant. Doctolib travaille désormais sur nombreuses fonctionnalités qui doivent faciliter la vie (et la santé) des patients et des professionnels de santé :

  • Mise en place d’une messagerie hyper sécurisée

  • Possibilité de payer via Doctolib

  • Et surtout, création d’un assistant médical formé à l’IA qui pourrait prendre en charge certaines tâches du médecin (réponses automatiques, préparation de documents, classements, tri…)

Mais il paraît qu’il y a une chose qui ne change pas. De temps à autre, Stanislas Niox-Chateau fait l’assistance téléphonique pour répondre aux médecins qui ont une question sur le fonctionnement de leurs outils.


UN MOT DE NOTRE CHAÃŽNE YOUTUBE

Nous sommes presque 10 000 sur YouTube alors pour l’occasion, on a voulu revenir en arrière et refaire un point sur la carrière de l’une des toutes premières YouTubeuses de France : EnjoyPhoenix. Rendez-vous compte, en 2014 (il y a 10 ans…), Marie Lopez de son vrai nom avait déjà 1 000 000 d’abonnés sur sa chaîne. Un succès fulgurant avec ses hauts et ses bas que l’on vous raconte juste ici. Si ça vous plait, abonnez-vous !

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